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— Soit, Rosamond, répondit son mari. Cette inscription simple et brève me semble aussi ce qui convient le mieux. »

Tandis qu’il parlait, jetant un regard à l’autre extrémité de la fosse, elle l’avait un moment quitté pour se rapprocher du vieillard. « Prenez ma main, oncle Joseph, lui dit-elle, et rentrons ensemble à la maison. »

Il se leva, dès qu’elle eut prononcé ces mots, et jeta sur elle un regard où quelque anxiété se peignait.

La boîte à musique, dans son enveloppe de cuir maintenant bien usée, était restée sur la fosse, près de l’endroit où il s’était mis à genoux. Rosamond la releva, et l’attacha elle-même à la place que cette vieille amie occupait toujours quand l’oncle Joseph était ailleurs que chez lui. Tout en la remerciant de ce soin, il poussa un léger soupir : « Mozart ne peut plus chanter, disait-il… Il a chanté, maintenant, pour la dernière de tous.

— Non… pas encore la dernière, dit Rosamond. Ne parlez pas ainsi, oncle Joseph, puisque je suis encore de ce monde… Bien certainement, pour l’amour de ma mère, Mozart ne me refusera pas ses chansons. »

Un faible sourire, le premier qu’elle eût vu sur son visage depuis le soir de leur grande douleur, vint errer au bord des lèvres du vieillard. « Voilà, dit-il, de quoi consoler un peu… Oui, cela console un peu l’oncle Joseph.

— Prenez ma main, reprit-elle avec douceur… Rentrons ensemble, à présent. »

Il regardait tristement la fosse : « Je vous rejoindrai, dit-il ; marchez en avant jusqu’à la porte. »

Rosamond, prenant le bras de son mari, le conduisit sur le sentier qui menait à la sortie du cimetière. Quand ils ne purent plus le voir, l’oncle Joseph s’agenouilla une fois encore au pied de la fosse ; là, posant ses lèvres sur les gazons nouveaux :

« Adieu, mon enfant ! » murmura-t-il, et, avant de se relever, il laissa un instant sa joue dans la fraîche épaisseur de l’herbe.

Rosamond l’attendait à la porte de l’enclos funéraire. Sa main droite reposait sur le bras de son mari ; elle tendait sa main gauche à l’oncle Joseph.

« Comme la brise est fraîche ! dit Léonard ; et comme j’aime ce bruit de la mer !… Voici, certes, une belle journée d’été.

— La plus belle, la plus délicieuse de l’année, dit Rosamond. On ne voit sur le ciel que quelques nuages d’un blanc vif… Les seules ombres qui errent çà et là sur la lande,