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CHAPITRE VI.

L’aurore d’une vie nouvelle.


Quatre jours plus tard, Rosamond, Léonard et l’oncle Joseph, se retrouvèrent ensemble dans le cimetière de l’église de Porthgenna.

La terre où nous retournerons tous s’était refermée sur elle. Le dur pèlerinage de Sarah Leeson l’avait enfin conduite à l’éternel repos. La tombe du mineur, cette tombe sur laquelle, par deux fois, elle était venue cueillir quelques brins d’herbe, tristes gages de souvenir, cette tombe lui donnait, après la mort, le chez soi qu’elle n’avait jamais eu dans tout le cours de sa vie. Le tumulte du ressac lointain, quand il arrivait jusqu’à ce dernier asile, n’était déjà plus qu’un murmure apaisé, et le vent qui courait libre et joyeux sur la lande ouverte, arrêté par les arbres antiques qui protégeaient les tombeaux, passait plus lentement à travers la haie de myrtes qui les tenait enclos dans sa ceinture d’un vert lustré.

Depuis les dernières prières du service funèbre, quelques heures déjà s’étaient écoulées. De frais gazons étaient réentassés sur la fosse, à la tête de laquelle se dressait de nouveau la pierre ancienne, celle où était gravée l’épitaphe du mineur. Rosamond, à voix basse, lisait cette inscription pour son mari. Tandis qu’elle était occupée à ceci, l’oncle Joseph, s’écartant à quelques pas d’eux, s’était agenouillé au pied du tertre. Il aplanissait, il lissait d’une main caressante les gazons nouvellement posés, de même que jadis il lissait, il caressait les cheveux de Sarah, quand elle était encore jeune fille, de même que plus tard, quand il la voyait s’attrister, femme aux cheveux gris, au cœur malade, il lissait, il caressait ses mains délicates.

« Ajouterons-nous quelques mots à ces vieilles lettres usées ? dit Rosamond quand elle eut terminé sa lecture. Il y a sur la pierre un espace vide. Le remplirons-nous, cher ami, en y faisant graver les initiales du nom de ma mère et la date de sa mort ? Je sens en moi quelque chose qui me dit qu’il faut faire ceci, et rien de plus.