Page:Collins - Le Secret.djvu/36

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

portraits de famille. Quelques marches de plus la conduisirent à une rangée de portes ouvrant toutes dans les chambres situées au premier étage du pavillon nord.

Agenouillée devant la quatrième de ces portes, à partir du palier où elle était ainsi parvenue, et après avoir jeté un regard méfiant à travers le trou de la serrure, elle se mit à essayer successivement toutes les clefs qu’elle avait apportées, jusqu’au moment où elle trouva celle qui devait ouvrir. Mais ce fut là une opération difficile, tant était grande son agitation ; ses mains tremblaient au point qu’elle pouvait à peine tenir une clef séparée des autres. Elle réussit pourtant, à la longue. La poussière lui vint aux yeux, plus épaisse que jamais, au moment où ils purent plonger dans l’intérieur de la chambre abandonnée. Une atmosphère sèche, étouffante, saturée de miasmes vieillis, la suffoquait presque au moment où elle se baissait pour reprendre sa lettre, déposée un moment sur le parquet, à côté d’elle. Un instant elle recula, et reprit le chemin de l’escalier. Mais la résolution lui revint après quelques pas.

« Il n’y a plus à s’en dédire, » pensa-t-elle avec une sorte de désespoir ; et elle entra dans la chambre dont elle venait de s’ouvrir l’accès…

Elle n’y demeura pas, en tout, plus de deux ou trois minutes. Quand elle en sortit, sa figure était blême de peur, et la main qui avait tenu la lettre un instant auparavant, ne tenait plus maintenant qu’une petite clef rouillée.

La porte une fois refermée, Sarah examina le gros paquet de clefs qu’elle avait enlevé de chez la femme de charge, avec plus d’attention qu’elle n’avait fait jusque-là. Outre l’étiquette d’ivoire attachée à l’anneau qui les tenait réunies, d’autres petites étiquettes, celles-ci en parchemin, étaient fixées à quelques-unes d’entre elles, indiquant la chambre dont elles pouvaient procurer l’entrée. Celle dont elle venait de se servir avait précisément son étiquette particulière. Sarah déroula le parchemin racorni, le rapprocha du jour, et y lut, en caractères effacés par le temps :

La Chambre aux Myrtes.

Donc, à présent, elle avait un nom à elle, cette chambre où le secret devait rester enfoui : un nom harmonieux, un nom de bon augure, qui devait flatter l’oreille des habitants de cette chambre et hanter agréablement leur mémoire ; un nom