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Sarah est en jeu… Prêtez-moi donc attention, s’il vous plaît, et voyons si je puis vous répéter bien exactement tout ce que vous m’avez dit. »

Debout devant Rosamond, et rappelant d’une manière à la fois étrange et touchante, par sa physionomie et son attitude, le temps déjà si lointain où, tout enfant, aux genoux de sa mère, il avait récité ses premières leçons, il répéta, d’un bout à l’autre, les instructions qui venaient de lui être données, avec une exactitude de mots et une assurance de mémoire qui, dans un homme de son âge, semblaient presque merveilleuses. « Eh bien, demanda-t-il simplement après être arrivé au bout, ai-je bien tout dans la tête ? puis-je partir maintenant, et aller porter mes bonnes nouvelles au chevet de Sarah ? »

Il fallut le retenir encore, cependant : car Rosamond et son mari avaient à se consulter sur les meilleurs moyens à prendre, et les moins périlleux, pour qu’après avoir révélé la découverte du Secret, on pût en venir à mentionner leur arrivée à Londres. Après quelque réflexion, Léonard demanda à sa femme de prendre le document rédigé, ce matin même, par leur avoué, et, sur le revers du papier, d’écrire, dans les termes qu’il allait lui dicter, quelques lignes où mistress Jazeph serait priée de vouloir bien, après qu’elle se serait assurée que ceci ne l’entraînait à rien affirmer qui ne fût exactement vrai, apposer sa signature au bas de cette pièce. Ceci fait, et le papier plié de manière que les lignes écrites par mistress Frankland fussent les premières qui devaient nécessairement arrêter le regard de la malade, Léonard le fit remettre au vieillard, et lui expliqua en ces termes comment il devait en user :

« Lorsque vous aurez informé votre nièce de tout ce qui a rapport au Secret, et après lui avoir laissé tout le temps de se remettre, si elle vous adresse quelques questions relativement à ma femme ou à moi (je suppose qu’il en sera ainsi), passez-lui ce papier, pour toute réponse, en la priant de le lire. Qu’elle veuille ou non le signer, il est certain qu’elle vous demandera comment il est arrivé entre vos mains. Répondez-lui que vous l’avez reçu de mistress Frankland, et n’oubliez pas qu’il faut vous servir de ce mot « reçu, » de manière à ce qu’elle puisse penser, au premier abord, qu’il vous est arrivé de Porthgenna par la poste. Si vous la trouvez toute disposée à signer la déclaration, et si, après l’avoir signée, elle n’est pas trop violemment émue, dites-lui alors, peu à peu, tout en ménageant les gradations, ainsi que vous l’aurez déjà fait pour lui révéler