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— Mais s’il échoue ?… s’il arrive quelque chose ?… Si elle est malade ?…

— Attendons la fin de la semaine, Rosamond… Il sera temps alors de décider ce qui nous reste à faire. »



CHAPITRE II.

Attente ; espérance.


La semaine de répit s’écoula, et aucune nouvelle de l’oncle Joseph ne parvint à Porthgenna-Tower.

Le huitième jour, M. Frankland fit partir un messager pour Truro, lequel avait ordre de découvrir le magasin d’ébénisterie tenu par M. Buschmann, et de s’informer à la personne qui en avait charge, si elle avait des nouvelles de son maître. Le messager, revenu dans l’après-midi, annonça que M. Buschmann, depuis son départ, avait écrit à son garçon de magasin un seul petit billet, où il lui disait être arrivé à Londres à la tombée de la nuit ; là, il avait trouvé un accueil très-hospitalier chez son compatriote, le boulanger allemand ; il avait découvert l’adresse de sa nièce ; mais il n’avait pu la voir encore, à cause d’un obstacle qu’il comptait bien ne plus rencontrer à sa seconde visite. Depuis l’arrivée de cette épître, on n’avait plus reçu de lui aucune communication, et, par conséquent, on ignorait à quelle époque devait avoir lieu son retour.

Les renseignements ainsi obtenus n’étaient pas de nature à guérir l’espèce d’accablement d’esprit dont souffrait mistress Frankland, et qu’avaient produit en elle l’attente, les inquiétudes de toute la semaine écoulée. Son mari essaya de la ranimer un peu en lui faisant remarquer que le silence de l’oncle Joseph, ce silence de fâcheux augure, pouvait tenir tout aussi probablement à l’obstination des refus de sa mère, qu’à l’impossibilité de la ramener à Truro par suite de son état de maladie. Rappelant l’obstacle auquel faisait allusion la lettre du bon vieillard, et prenant en considération l’excessive susceptibilité, la timidité aveugle de la pauvre Sarah, il déclarait fort possible que le message de mistress Frankland, au lieu de