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et je vous remercierai, toute ma vie durant, de m’avoir donné le bonheur ! »

La simple éloquence de ces paroles, l’innocente ferveur des gestes qui les accompagnaient, allèrent au cœur de Rosamond… « Je ferai, je promettrai tout au monde, répondit-elle avec empressement, pour vous aider à la faire revenir. Si elle consent à ce que je la voie, je promets de ne pas dire un mot qui la puisse contrarier en quoi que ce soit… Je promets de ne pas lui adresser une question… non, pas une seule… à laquelle il doive lui coûter de répondre. Oh ! quels encouragements pourrais-je lui faire passer ?… Que pourrais-je bien lui dire ?… » Ici elle s’interrompit un peu confuse, car, une fois encore, elle venait de sentir le pied de son mari se poser légèrement sur le sien.

« Eh ! n’en dites pas davantage… n’en dites pas davantage ! s’écria l’oncle Joseph, liant son paquet de lettres, les yeux brillants d’un éclat plus qu’ordinaire… Assez dit pour faire revenir Sarah… Assez dit pour me rendre à jamais votre débiteur… Oh ! je suis si heureux, si heureux !… Je ne tiens plus dans ma peau, tant j’ai de bonheur !… »

Là-dessus, il lança en l’air son paquet de lettres, le rattrapa au vol, l’embrassa et le remit dans sa poche, le tout en un clin d’œil.

« Vous ne vous en allez pas ? dit Rosamond… Bien certainement, vous ne partirez pas ainsi ?

— Je perds à m’en aller d’ici, très-certainement, dit l’oncle Joseph ; mais il faut s’y résigner, car j’y gagne de retrouver Sarah un peu plus tôt… Pour cette seule raison, je vous demanderai la permission de prendre congé de vous, le cœur plein de reconnaissance, et de me remettre en route vers mon domicile.

— Quand vous proposez-vous de partir pour Londres, monsieur Buschmann ? demanda Léonard.

— Demain dans la matinée, et de bonne heure, monsieur, repartit l’oncle Joseph… Je finirai ce soir l’ouvrage que j’ai sur le chantier, et laisserai le surplus à Samuel (qui est un bien bon ami à moi, et aussi mon garçon de magasin) ; puis, par la première voiture, je m’en irai trouver Sarah.

— Puis-je vous demander l’adresse de votre nièce, à Londres, pour le cas où nous aurions à vous écrire ?

— Elle ne m’a donné aucune adresse, monsieur, si ce n’est celle du bureau de poste… car, même éloignée comme elle