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— Est-ce de quelque importance ? »

Au lieu de répondre, elle l’attira soudain sur son cœur, l’étreignit avec cette ardeur de premier mouvement qui était en elle un don de nature, et couvrit son visage de chauds baisers.

« Doucement !… doucement ! dit Léonard en riant… Vous me coupez la respiration. »

Elle recula, et, ses deux mains posées sur les épaules de son mari, resta comme en contemplation devant lui.

« Oh ! ami à moi, lui disait-elle avec une tendresse passionnée, je donnerais, en ce moment, tout ce que je possède au monde pour savoir au juste comment vous m’aimez.

— Ah !… Rosamond !… répondit-il, riant toujours, il me semble que c’est là ce que vous devez le mieux savoir, à présent.

— Je le saurai bientôt. »

Elle prononça ces dernières paroles sur un ton si bas et si calme, qu’à peine put-on les entendre. Interprétant comme un indice de fatigue ce nouveau changement de voix, Léonard lui tendit la main comme pour l’inviter à l’emmener. Elle prit silencieusement cette main chérie, et le conduisit à pas lents vers la porte.



CHAPITRE VI.

Le Secret révélé.


Pendant le trajet qu’ils firent pour revenir dans la partie habitée du vieux manoir, Rosamond n’ajouta pas un mot relatif au morceau de papier plié qu’elle avait placé dans les mains de son mari. Toute son attention, tandis qu’ils cheminaient, semblait absorbée par la surveillance minutieuse du sol que foulaient les pieds du jeune aveugle, et par les soins qu’elle prenait pour qu’il ne se heurtât à aucun obstacle. Attentive et soigneuse, elle l’avait été dès le premier jour de leur union, chaque fois qu’elle avait eu à le guider d’un endroit à un autre : maintenant l’inquiétude qu’elle manifestait, le soin qu’elle prenait pour éloigner jusqu’à la chance la moins probable du plus léger accident, avait quelque chose d’excessif et