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premier coup d’œil, que les rayons d’un des côtés étaient absolument vides. Le volet correspondant, lorsque Rosamond l’ouvrit, montra de l’autre côté le même aspect dépouillé. Sur chaque rayon, même accumulation de poussière, même encrassement sordide ; et, du haut en bas, pas vestige d’un livre, pas même un bout de papier égaré çà ou là, n’attirait le regard.

Le bas de la bibliothèque était divisé en trois compartiments. Une clef rouillée était restée à la porte de l’un des trois. Rosamond la fit jouer, non sans quelque peine, et put regarder à l’intérieur de ce petit buffet. Au fond était dispersé un jeu de cartes, jaunes et grasses. Parmi elles, un morceau de mousseline déchirée et tortillée, qui, lorsque Rosamond le déroula, se trouva être un reste de rabat ecclésiastique. Dans un coin, elle trouva un tire-bouchon cassé, puis le tourniquet d’une ligne à pêcher. Dans un autre, quelques débris de pipes, quelques vieilles fioles à médicaments, et un de ces recueils de chansons que vendent les colporteurs, corné à mainte et mainte page. C’était tout, dans ce compartiment. Quand Rosamond eut minutieusement décrit à son mari, une à une, toutes ces trouvailles, elle passa au second buffet. La porte, qu’elle essaya d’ouvrir sans clef, se trouva n’être pas fermée. Au dedans, il n’y avait que quelques morceaux d’ouate noircie, et les restes d’un écrin de perles.

La troisième porte était fermée ; mais, avec la clef de la première, on vint à bout de l’ouvrir. À l’intérieur, un seul et unique objet ; une petite boîte en bois tout entourée d’un long ruban de fil dont les deux bouts étaient réunis par un cachet. La curiosité déjà bien affaiblie de la belle Rosamond se ranima tout aussitôt à cette vue. Elle décrivit la boîte à son mari, et lui demanda s’il pensait qu’ils eussent le droit de rompre les scellés.

« Pouvez-vous distinguer quelque chose écrit sur cette boîte ? » lui demanda-t-il.

Rosamond, pour mieux voir, se rapprocha de la fenêtre, souffla la poussière qui recouvrait la boîte, et, sur une étiquette de parchemin clouée au couvercle, lut ces mots : PAPIERS ; JOHN ARTHUR TREVERTON, 1760.

« Je pense que vous pouvez prendre sur vous de rompre le cachet, dit Léonard. Si ces papiers eussent eu la moindre importance pour la famille, il n’est pas probable que votre père et les exécuteurs testamentaires les eussent oubliés ainsi au fond d’une vieille bibliothèque. »