Page:Collins - Le Secret.djvu/281

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Il me semble que ce serait en pure perte, répondit son mari. Notre unique espérance de jamais savoir en quoi consiste le mystère de la chambre aux Myrtes, si réellement il est aussi bien caché qu’on doit le supposer, est de fouiller à fond cette chambre, et nulle autre. La fouille, pour être complète, doit comprendre, s’il en faut venir à ces extrémités, le démembrement des parquets et des lambris, peut-être même la démolition partielle des murs. Nous pouvons pratiquer ceci dans une pièce qui nous est clairement désignée ; mais, à moins de jeter bas tout ce côté de la maison, il nous est impossible de soumettre à pareille épreuve chacune de ces seize chambres parmi lesquelles nous errons au hasard et sans guide. Il est déjà pas mal désespérant de chercher nous ne savons quoi ; aussi faut-il d’abord tâcher de découvrir où sont les quatre murailles dans l’enceinte desquelles doit commencer et s’accomplir cette recherche qui, vraiment, ne promet guère… Voyons un peu… Le parquet de ce palier doit être couvert de poussière à une certaine épaisseur… N’y est-il pas resté quelques traces, après la visite de mistress Jazeph, qui puissent nous conduire à la bonne porte ? »

Cette conjecture ingénieuse fit aussitôt rechercher si, effectivement, il existait des empreintes de pas sur la poussière du palier, mais on n’en découvrit aucune. À quelque époque antérieure, on avait étendu des nattes sur ce plancher, et leur surface inégale, çà et là pourrie et rompue, n’avait pas laissé la poussière y former une couche régulière et unie. En certains endroits, où la natte trouée laissait voir les planches qu’elle recouvrait naguère, le domestique de M. Frankland croyait découvrir, sur la poussière, des empreintes qu’y aurait laissées, soit la pointe, soit le talon d’un soulier : mais ces indices, faibles et d’un aspect douteux, étaient séparés l’un de l’autre par des distances assez notables, et il était tout simplement impossible d’en rien conclure qui importât à la recherche commencée. Après plus d’une heure consacrée à l’examen du pavillon nord, Rosamond fut obligée d’avouer que les domestiques avaient eu raison, en lui ouvrant la porte du vestibule, quand ils lui prédisaient qu’on ne découvrirait rien.

« Il faut envoyer la lettre, Lenny, » dit-elle quand ils furent de retour dans la salle à manger.

En effet, aucun moyen d’échapper à cette triste nécessité… « Faites donc partir notre courrier, répliqua son mari, et n’en parlons plus. »