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ralement à cet homme le disgracieux message de son maître ; ensuite il avait exhibé la lettre du ministre, mise en lambeaux, et la copie du plan dressé par lui, comme nous l’avons raconté ; enfin il s’était déclaré prêt à livrer cette copie en échange d’un billet de banque de cinq livres sterling. Le messager avait expliqué à son tour que l’achat du document n’entrait pas dans ses instructions, et il avait conseillé au domestique de M. Treverton de s’adresser directement à l’agent du docteur Chennery. Après quelques hésitations, Shrowl s’y était décidé, sous prétexte de quelque commission dont il s’était dit chargé ; il avait vu l’agent, il avait été questionné sur les moyens par lesquels il était devenu possesseur de la copie en question ; et voyant qu’il n’obtiendrait pas le prix qu’il en demandait s’il ne voulait répondre à cet interrogatoire, il avait fini par rapporter toutes les circonstances dans lesquelles son travail s’était exécuté. Une fois renseigné là-dessus, l’agent s’était engagé à demander immédiatement les instructions du docteur Chennery ; et il avait écrit en conséquence, prenant soin de mentionner, en post-scriptum, qu’il avait vu le plan sur lequel la copie avait été prise, et s’était assuré que ce plan indiquait la position relative des portes, des escaliers, des chambres, etc., avec la désignation de chaque localité.

Reprenant ensuite la parole pour son propre compte, le docteur Chennery laissait entièrement à M. et à mistress Frankland le soin de décider ce qui restait à faire. Il s’était déjà, dans sa manière de voir, légèrement compromis en s’adressant à Andrew Treverton en vertu de motifs supposés ; et il se devait de ne plus se hasarder dans l’affaire qui venait de prendre ainsi un nouvel aspect, pas même en exprimant une opinion ou en donnant un conseil. Il se regardait comme parfaitement certain que ses jeunes amis, après qu’ils auraient mûrement envisagé la chose sous toutes ses faces, en viendraient à choisir le meilleur parti, et le plus sage. D’après cette conviction, il avait enjoint à son homme d’affaires de ne plus faire un pas jusqu’à ce qu’il eût reçu les ordres de M. Frankland, à qui seul il appartenait, maintenant, de diriger sa marche.

« Diriger sa marche !… s’écria Rosamond, qui froissa la lettre dans ses mains par un mouvement où se trahissait une extrême agitation, dès qu’elle en eut lu la dernière ligne… Ce sera bientôt fait, ma foi… Une minute suffira pour écrire, une seconde suffira pour lire ce que nous avons à lui envoyer en fait de « direction. » À quoi pense le ministre, avec ses « choses