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qui, par centaines, encombraient le sol à ses pieds. Pour le moment c’était là sa grande affaire, et il s’apprêtait, debout au milieu du plus vaste des deux greniers, à s’y consacrer corps et âme.

Il commença par se faire, à coups de pied, une sorte de petite clairière où il pût s’asseoir confortablement, à terre, bien entendu, et, une fois établi là, il se mit à examiner tous les volumes à portée de sa main. Éditions rares des classiques, surtout des anglais, drames du temps d’Élisabeth, voyages, sermons, facéties, livres d’histoire naturelle, livres de sport, volume dépareillé après volume dépareillé, lui passèrent ainsi par les mains, très-rapidement et d’une façon éminemment originale ; mais aucun n’avait, dans son intitulé, les mots magiques : Porthgenna-Tower. Et, pendant les premières dix minutes qui s’écoulèrent après que Shrowl se fut assis sur le parquet, sa persévérante industrie n’obtint pas la moindre récompense.

Avant de transporter sur un autre point son exploration, et de s’attaquer à une autre montagne de gravats littéraires, il fit une pause, et se consulta pour savoir s’il ne pouvait adopter une méthode qui lui donnât moins de peine et mît plus d’ordre dans ses recherches à travers la masse énorme de bouquins qui lui restait encore à examiner. Le résultat de ses réflexions fut qu’il risquait moins de se perdre en prenant indifféremment les volumes dans toutes les parties de la pièce, et tout simplement par ordre de dimension, à commencer par les plus grands et les plus gros. Il les rangerait à mesure, comme les maçons rangent leurs moellons, et il arriverait ainsi, graduellement, des massifs in-quarto aux volumes de poche, bien sûr de n’en avoir omis aucun. Il fit donc, toujours à coups de pied, un vide le long du mur, et, foulant aux pieds les livres comme autant de mottes de terre, il allait de çà, de là, dans ce labour de nouvelle espèce, ramassant les volumes dont la grosseur et le format convenaient le mieux à son nouveau dessein.

Le premier fut un atlas : Shrowl tourna quelques cartes, en déplia quelques autres, réfléchit, secoua la tête, et transporta le volume dans l’espace vide qu’il venait de débarrasser, tout contre le mur.

Le livre le plus gros, après celui-ci, se trouva être une collection magnifiquement reliée de portraits de personnages célèbres. Shrowl salua ces illustres visages d’un affreux grogne-