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mandant, pour elle et son mari, les conseils de sa vieille expérience. Le courrier suivant apporta une réponse qui prouvait à quel point la confiance de Rosamond était fondée. Non-seulement son vieil ami comprenait et partageait l’ardente curiosité que lui avaient inspirée le langage et la manière d’être de mistress Jazeph, mais encore il avait imaginé un plan qui, selon lui, devait conduire à préciser l’emplacement de la chambre aux Myrtes.

Avant d’expliquer en quoi consistait ce plan, le digne ministre se prononçait énergiquement contre toute démarche ayant pour objet de découvrir mistress Jazeph. D’après les circonstances qui lui étaient relatées, ce serait en pure perte qu’on se mettrait à sa poursuite. Tenant ce point pour bien établi, il s’attacherait donc uniquement à résoudre cette question, de beaucoup la plus essentielle : comment devaient s’y prendre M. et mistress Frankland, pour pénétrer, sans avoir recours à personne, le mystère de la chambre aux Myrtes.

Sur ce point, le docteur Chennery déclarait avoir une conviction bien affermie, et, par manière d’exorde, il prévenait Rosamond contre l’étonnement que cette conviction allait lui causer. Tenant pour incontestable que les jeunes gens ne pouvaient espérer découvrir la chambre en question, s’ils n’étaient aidés par quelqu’un mieux au fait qu’ils ne pouvaient l’être des localités à explorer, le ministre désignait, comme le seul individu en état de leur fournir les informations requises, un personnage dont on ne se serait guère avisé : le morose et misanthropique parent de Rosamond, Andrew Treverton.

À l’appui de cette surprenante désignation, le docteur Chennery donnait deux motifs. Andrew, tout d’abord, était le seul membre survivant de la dernière génération qui eût vécu à Porthgenna-Tower, dans le temps où les traditions relatives aux appartements du nord se perpétuaient encore dans la mémoire des habitants de cette résidence seigneuriale. Les gens qui maintenant l’occupaient étaient des étrangers, investis de leurs fonctions par M. Frankland le père ; et les serviteurs qui jadis avaient été aux gages du capitaine Treverton, étaient ou morts ou dispersés. Il n’existait donc qu’une seule personne dont les souvenirs pussent être utiles à M. et à mistress Frankland, et cette personne était, sans conteste, le frère de l’ancien propriétaire de Porthgenna-Tower.

De plus, même dans le cas où la mémoire d’Andrew Treverton ferait défaut à la curiosité de Rosamond, une chance