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LIVRE V.


CHAPITRE PREMIER.

Un vieil ami et un nouveau plan.


En affirmant positivement que le jeune ouvrier, occupé en apparence à travailler sur la lande, l’avait suivie, elle et son oncle, jusque au chef-lieu du district, Sarah s’était rencontrée avec la vérité la plus vraie. Jacob, en effet, ne les avait perdus de vue qu’à leur entrée dans l’auberge, et, après avoir fait sentinelle devant la porte, assez longtemps pour s’assurer qu’ils ne continueraient pas leur voyage ce soir-là même, il était retourné à Porthgenna-Tower faire son rapport et réclamer la récompense promise.

Le même soir, la femme de charge et l’intendant se cotisèrent afin d’écrire, à frais communs, une lettre pour mistress Frankland ; ils lui rendaient compte de tout ce qui s’était passé depuis le moment où les visiteurs s’étaient présentés, jusqu’à celui où le garçon jardinier les avait laissés installés dans l’auberge. En cette composition s’étaient enguirlandées toutes les fleurs de rhétorique dont eût pu s’aviser M. Munder. Aussi était-elle, en tant que narration, d’une longueur démesurée, et, en tant que procès-verbal, d’une confusion désespérante.

Inutile de dire que, nonobstant toutes ses longueurs et ses absurdités, cette lettre fut lue avec le plus vif intérêt par mistress Frankland ; son mari et M. Orridge, qui tous deux en reçurent communication, furent aussi étonnés, aussi intrigués qu’elle l’était elle-même. Encore que, apprenant le départ de mistress Jazeph pour le pays de Cornouailles, ils eussent été amenés à regarder comme fort possible qu’elle se présentât à