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le dos contre la muraille… « De l’eau ! ou je vous jette, à coups de pied, ce vieux donjon sur les oreilles ! criait-il, frappant du pied dans sa rage impatiente.

— Pardon, monsieur !… Êtes-vous bien sûr que c’est la dame de tout à l’heure qui est là-haut ? demanda Betsey, qui, toute tremblante, avait fait quelques pas en avant, son verre d’eau à la main.

— Si j’en suis sûr ? s’écria l’oncle Joseph qui descendait à sa rencontre… Quelle sotte question est celle-ci ?… Et qui voulez-vous donc que ce soit ?

— Eh ! mais… le fantôme, dit Betsey qui marchait de plus en plus lentement… le fantôme des appartements du nord. »

L’oncle Joseph la rejoignit à quelques mètres du pied de l’escalier, prit de ses mains le verre d’eau avec un geste méprisant, et se hâta de retourner vers sa nièce. Au moment où Betsey, battant en retraite, vint à se retourner, le paquet de clefs tombé sur les dalles du vestibule arrêta son regard troublé. Après quelque hésitation, elle rassembla le courage nécessaire pour les ramasser, et les emporta hors du vestibule en aussi grande hâte que le lui permit son agilité naturelle.

Cependant l’oncle Joseph humectait d’eau les lèvres et le front de sa nièce. Après un moment, elle sembla reprendre la faculté de respirer ; quelques faibles soupirs soulevèrent sa poitrine ; il y eut un léger mouvement dans les muscles de son visage, et ses yeux s’entr’ouvrirent, mais à peine. Ils restaient fixés sur le vieillard, et n’exprimaient encore qu’un vague effroi, sans aucun symptôme de connaissance. Il lui fit avaler quelques gorgées d’eau, lui adressa quelques douces paroles, et la ramena ainsi, peu à peu, au sentiment de l’existence. Les premiers mots qu’elle dit furent : « Ne me quittez pas ! » Le premier mouvement qu’elle essaya, dès qu’elle put bouger, fut de se serrer contre lui.

« N’ayez pas peur, mon enfant, lui disait-il d’une voix caressante… Je reste près de vous… Dites-moi donc, Sarah !… Pourquoi vous êtes-vous trouvée mal ?… Quelle a été la cause de votre effroi ?…

— Oh ! ne m’interrogez pas !… pour l’amour de Dieu, pas de questions !

— Soit !… soit… je ne dirai plus rien, en ce cas… Encore une gorgée… une petite gorgée…

— Aidez-moi, cher oncle… Voyons si je puis, avec votre aide, me tenir debout.