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« Bon !… pas à présent !… pas à présent, Betsey ! dit avec impatience la femme de charge… Ne mettez le couvert que quand je vous sonnerai… M. Munder et moi nous avons à parler d’un sujet très-important… Il ne faut pas, en ce moment-ci, nous déranger. »

Ce mot venait à peine d’être prononcé, qu’un bien autre incident vint interrompre la conversation. On entendit sonner la cloche du portail. C’était un bruit inusité à Porthgenna-Tower. Les personnes, en bien petit nombre, que les affaires de la maison y appelaient, entraient toujours par une petite porte de côté, fermée seulement au loquet, tant qu’il faisait jour.

« Qui donc pourrait-ce bien être ? » s’écria mistress Pentreath, courant à une fenêtre d’où on avait vue oblique sur le perron du portail.

Le premier objet que rencontrèrent ses regards fut une dame arrêtée à la dernière marche ; une dame habillée avec un soin extrême, et dont le costume était de couleurs foncées.

« Juste ciel ! monsieur Munder, s’écria la femme de charge, revenant en hâte vers la table, et prenant brusquement la lettre, qu’elle y avait déposée. Il y a une dame étrangère qui attend à la porte… une dame, ou tout au moins une femme… et vêtue avec soin… et de couleurs modestes… Vous me toucheriez du bout du doigt que je tomberais, monsieur Munder, tant je suis émue !… Attendez, Betsey… ne bougez pas !

— J’allais à la porte, madame… j’allais répondre, répondit Betsey, fort étonnée.

— Ne bougez, Betsey !… répéta mistress Pentreath, qui faisait un grand effort sur elle-même pour recouvrer son calme habituel… J’ai certaines raisons, en cette occasion spéciale, pour quitter mon emploi et descendre au vôtre… Faites-moi place, petite sotte, avec vos airs effarés !… Je vais moi-même répondre au coup de sonnette. »