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Comme vous le dites, vous autres coquins d’Anglais, c’est aussi facile que de mentir… Vous pourrez, mon enfant, forcer vous-même cette serrure.

— La forcer, moi ?… Et comment ? »

L’oncle Joseph alla vers la banquette fermée de la fenêtre, faite à la vieille mode, pour servir de caisse en même temps que de siége. Il leva le couvercle, chercha parmi les instruments jetés pêle-mêle dans ce réceptacle, et en tira un ciseau.

« Regardez, disait-il, se servant de la banquette même pour montrer comment il fallait user de l’outil… Vous l’introduisez ainsi… Cric !… Vous le soulevez ensuite… Crac ! C’est l’affaire de quelques secondes… Cric, crac… et le verrou est hors de la gâche… Prenez vous-même ce ciseau ; enveloppez-le dans ce morceau de gros papier, et fourrez-le dans votre poche… Qu’attendez-vous donc ?… Voulez-vous que je vous montre encore une fois la chose, ou vous sentez-vous en état de vous tirer d’affaire ?

— Je voudrais encore une leçon, cher oncle… Mais pas maintenant, pas avant que nous soyons arrivés au but de notre voyage.

— Fort bien… Alors je puis achever ma malle, et aller m’enquérir d’une voiture… D’abord, et avant tout, Mozart va mettre sa grande redingote pour voyager avec nous. » Il prit à ces mots la boîte à musique, qu’il plaça soigneusement dans une enveloppe de cuir, laquelle, au moyen d’une sorte de bretelle, tenait sur une de ses épaules… « Maintenant, voici ma pipe… le tabac pour l’alimenter… et les allumettes pour y mettre le feu… En dernier, mon vieux havresac allemand, que j’ai garni hier au soir… Regardez un peu… Chemise, bonnet de nuit, peigne, mouchoir de poche, col noir… Supposez que je suis empereur… que me faut-il de plus, je vous prie ?… À merveille… J’ai donc Mozart… j’ai la pipe… j’ai le havresac… j’ai… Ah ! doucement !… N’oublions pas la vieille bourse de cuir… Tenez, la voilà !… Écoutez… ting, ting, ting !… Il y a des sonnettes, là dedans… Ah ! Cuir, mon ami, vous serez un peu moins lourd, je vous en préviens, quand nous rentrerons au logis… Ainsi donc, nous sommes au grand complet… en tenue de marche, de la tête aux pieds. Sarah, mon enfant, je vous dis adieu pour une demi-heure… Vous allez tâcher de vous distraire par ici, tandis que j’irai à la recherche d’une voiture. »