Page:Collins - Le Secret.djvu/160

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


LIVRE IV.


CHAPITRE PREMIER.

On complote contre le Secret.


Le lendemain du jour où M. Orridge avait vu mistress Norbury, la diligence le Druide, qui faisait le service d’Exeter à Truro (Cornouailles), arrivant à cette destination, déposa, vers la fin de la soirée, trois passagers d’intérieur devant la porte de ses bureaux. Deux d’entre eux étaient un gentleman et sa fille. Mistress Jazeph avait occupé la troisième place.

Le père et la fille, après avoir rassemblé leurs bagages, entrèrent dans l’hôtel ; les voyageurs d’impériale se dispersèrent d’un côté et d’autre, aussi promptement qu’ils le purent. Mistress Jazeph seule, immobile sur le trottoir, semblait hésiter sur ce qu’elle allait faire. Lorsque le cocher essaya bonnement de l’aider à prendre un parti quelconque, en lui demandant s’il ne pouvait lui être utile à rien, elle tressaillit et lui jeta un regard empreint de quelque soupçon ; puis, se ravisant, elle le remercia de son obligeance, et s’enquit, en termes assez confus et avec des hésitations assez marquées pour émerveiller ce brave homme, si elle pouvait laisser sa malle dans les bureaux de la diligence, ajoutant qu’après un court délai elle reviendrait l’y reprendre.

Autorisée à faire ce dépôt provisoire pour aussi longtemps qu’elle voudrait, elle traversa la rue, la principale rue de la ville, monta sur le trottoir opposé, et descendit jusqu’au premier tournant. Arrivée là, et avant de pénétrer dans la petite rue latérale où ce tournant conduisait, elle jeta un regard en arrière pour s’assurer, apparemment, que personne ne la suivait ou ne la guettait. Elle fit alors quelques pas, précipitam-