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douleurs ont prise en chemin de fer, et qui est accouchée à l’auberge ? Voilà tout ce que nous en savons, vivant, grâce au ciel, hors de portée des cancans de West-Winston. Comment va la dame ? qui est-elle ? Son enfant est-il bien portant ? Pauvre femme ! a-t-elle au moins tout ce que réclame son état ? Pourrais-je lui envoyer quelque chose, ou lui être bonne à quoi que ce soit ?

— Vous feriez beaucoup pour elle, et me rendriez, du même coup, un grand service, dit M. Orridge, si vous m’indiquiez, dans le voisinage, quelque femme respectable qui pût entrer chez elle, comme garde, avec toutes les qualités requises pour ce délicat emploi.

— Vous ne venez pas me dire, j’espère, qu’elle est restée sans garde jusqu’à présent ? s’écria mistress Norbury.

— Elle a eu, repartit M. Orridge, la meilleure qu’on ait pu se procurer dans tout West-Winston. Mais, par le plus grand des malheurs, cette femme, tombée malade ce matin même, a été obligée de rentrer chez elle. Je ne sais plus, maintenant, comment la remplacer. Mistress Frankland est habituée aux soins les plus minutieux et les mieux entendus ; et je cherche vainement où je pourrai trouver une personne dont elle ait lieu de se contenter.

— Ne dites-vous pas que son nom est Frankland ? demanda mistress Norbury.

— Oui, madame ; si j’ai bien compris, elle est fille de ce capitaine Treverton qui s’est perdu avec son navire, il y a un an, dans les Indes occidentales. Peut-être n’avez-vous pas oublié ce que les journaux, dans le temps, racontèrent de ce naufrage ?

— Certainement non, et je me rappelle aussi très-bien le capitaine Treverton. Je l’avais connu, tout jeune homme, à Portsmouth. Sa fille et moi ne pouvons rester étrangères l’une à l’autre, surtout dans des circonstances comme celles où se trouve cette pauvre jeune femme. J’irai la trouver, monsieur Orridge, dès que vous m’autoriserez à me présenter à elle. Mais, d’ici là, comment résoudre cette question de garde-malade ? Qui soigne maintenant mistress Frankland ?

— Sa femme de chambre ; mais elle est très-jeune, et s’entend assez peu à cette délicate besogne. La maîtresse de l’hôtel lui vient en aide autant qu’elle le peut, mais elle est perpétuellement réclamée par les soins de son établissement. Je pense que nous serons obligés de faire jouer le télégraphe, et d’appeler