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de ces bruits soudains, inexpliqués, de ces craquements sonores, qui, la nuit, troublent le silence des vieux édifices. L’intendant s’était engourdi ; la fille de service, sous l’influence des cantiques saints, dormait à poings fermés. La femme de charge était seule bien éveillée, et tenait ses grands yeux ouverts du côté de la fenêtre, et branlait la tête de temps à autre, comme une personne qui prévoit de grands événements. Au dernier coup de l’horloge, elle quitta sa chaise, écouta fort attentivement, et n’entendant rien encore, elle secoua par le bras la fille de service, tout en frappant du pied de façon à réveiller l’intendant.

« Nous pouvons nous aller coucher, disait-elle. Ils ne viennent point.

— Prétendez-vous dire qu’ils ne viendront absolument pas ? demanda l’intendant.

— Non. Je dis tout bonnement qu’ils n’arrivent pas aujourd’hui. Mais après tout, je ne serais pas autrement surprise, pour ce qui me concerne, si nous n’avions jamais l’honneur de les voir, nonobstant toutes les peines que nous avons prises pour préparer leur logement. Voilà la seconde fois qu’ils nous désappointent ainsi. La première fois, c’est la mort du capitaine qui a fait obstacle. Qui les arrête à présent ? Peut-être encore une mort. Je n’en serais pas étonnée.

— Moi non plus, maintenant que j’y pense, dit l’intendant qui fronça le sourcil pour mettre sa physionomie d’accord avec ce funèbre pronostic.

— Encore une mort ! répéta la fille de service avec une terreur superstitieuse… Si c’est une autre mort, à leur place, moi, je me tiendrais pour bien avertie de ne jamais entrer dans cette maison. »



CHAPITRE III.

Mistress Jazeph.


Au lieu d’attribuer à une mort le retard imprévu qu’avaient éprouvé en se rendant à Porthgenna M. et mistress Frankland, si la femme de charge y avait vu l’indice d’une naissance, elle