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« Donc, résumons-nous, dit M. Murthwaite ; la première chance de ressaisir le diamant échappe aux Indiens le jour où ils sont conduits en prison. Quand rencontrent-ils leur seconde chance ? Je suis en mesure de prouver qu’elle se présenta pendant leur emprisonnement. »

Avant de poursuivre, il ouvrit son portefeuille à une certaine marque :

« Je demeurais à ce moment chez des amis à Frizinghall un jour ou deux avant la mise en liberté des Indiens, le directeur de la prison vint me trouver avec une lettre, qui avait été apportée pour eux par une Mrs Macann, propriétaire du logement où ils avaient demeuré ; cette dame l’avait reçue le matin par la poste. L’administration de la prison remarqua que le timbre était celui de « Lambeth », et l’adresse, bien qu’écrite correctement en anglais, différait pourtant singulièrement de la manière habituelle d’adresser une lettre. En l’ouvrant, on en avait trouvé le contenu écrit dans un idiome étranger, que l’on supposa, avec raison, devoir être de l’hindoustani. On vint me demander de traduire cet écrit ; je copiai l’original sur mon portefeuille, ainsi que la traduction que j’en fis, et les voici tous deux à votre service. »

Il me tendit son portefeuille ouvert. L’adresse de la lettre venait en premier, écrite tout d’un trait, sans ponctuation, comme il suit :

« Aux trois hommes indiens vivant chez la dame appelée Macann, à Frizinghall, dans le Yorhskire. »

Puis venait le texte hindou traduit ainsi en anglais :

« Au nom du Régent de la Nuit, dont le siège est sur l’Antilope, et dont les bras embrassent les quatre coins de la terre : Frères, tournez vos visages vers le sud, et venez me trouver dans la rue si bruyante, qui conduit à la rivière bourbeuse. La raison est celle-ci : je l’ai vu de mes propres yeux. »

La lettre finissait là, sans date ni signature ; je la rendis à M. Murthwaite, en avouant que ce singulier spécimen de la correspondance hindoue me déroutait.

« Je vais vous expliquer la première sentence, dit-il ; et l’attitude des Indiens vous dira le reste. Le Dieu de la Lune est représenté dans la mythologie hindoue comme une divinité à quatre bras, assise sur une antilope, et l’un de ses noms est celui de Régent de la Nuit. Donc, pour commencer,