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sensiblement la joie que j’aurais été tenté d’éprouver en voyant l’heureuse issue de l’affaire.

Naturellement il venait me demander si je pourrais lui donner quelque éclaircissement sur la conduite incompréhensible de miss Verinder. Inutile de dire que je me trouvai hors d’état de lui fournir les renseignements qu’il désirait. Ma réponse ne fit qu’accroître la mauvaise humeur dans laquelle l’avait mis sa dernière conversation avec son fils, et sous l’empire de l’irritation M. Ablewhite perdit sa prudence accoutumée. Ses regards et son langage me convainquirent que miss Verinder trouverait en lui un homme exaspéré, lorsqu’il la rejoindrait le jour suivant à Brighton.

Je ne dormis pas de la nuit et passai ce temps à méditer sur ce qu’il convenait de faire. Comment finirent mes réflexions et comment M. Ablewhite se chargea de donner raison à mes craintes, point n’est besoin de vous l’apprendre ; cela, m’a-t-on dit, a déjà été indiqué en son lieu et place par la vertueuse miss Clack. Je dirai donc seulement, afin de compléter ce récit, que miss Verinder trouva enfin, la pauvre enfant, dans ma maison de Hampstead la tranquillité et le repos qui lui étaient si nécessaires. Elle nous fit l’honneur d’un long séjour ; ma femme et mes filles étaient charmées de la posséder au milieu d’elles, et quand les exécuteurs testamentaires eurent désigné un nouveau tuteur, miss Rachel, je suis fier et heureux de le constater, se sépara de ma famille comme on se sépare de vieux amis.


CHAPITRE II


Je dois maintenant faire connaître les détails que j’appris relativement à la Pierre de Lune, ou plutôt relativement au complot ourdi par les Indiens pour s’en assurer la possession. Ces incidents ne sont pas sans intérêt, à raison de leurs conséquences ultérieures.