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je savais lady Verinder non-seulement digne de la confiance illimitée que son mari plaçait en elle (toutes les honnêtes femmes méritent pareille confiance), mais capable en outre de bien conduire ses affaires, ce qui pour le coup est une rareté qui se voit une fois entre mille. Le testament de sir John fut donc, en moins de dix minutes, rédigé et signé, et sir John put reprendre son somme interrompu.

Lady Verinder justifia de tout point la confiance que son mari lui avait témoignée ; dans les premiers temps de son veuvage, elle m’appela auprès d’elle et fit son testament. Elle envisagea sa position avec un tel bon sens que je n’eus aucun besoin de la conseiller, et ma responsabilité se borna à traduire ses instructions en langue juridique. Quinze jours après le décès de sir John, l’avenir de sa fille était sauvegardé de la façon la plus affectueuse et la plus sage.

Le testament reposa dans mon coffre-fort pendant un nombre d’années que je ne supputerai pas ; ce ne fut que vers l’été de 1848 que j’eus l’occasion de l’y reprendre, et cela dans de tristes circonstances.

À cette époque, les docteurs prononcèrent sur l’état de lady Verinder une sentence qui était un véritable arrêt de mort ; je fus la première personne qu’elle instruisit de sa situation, et elle se montra désireuse de revoir son testament avec moi.

On ne pouvait y rien ajouter de mieux pour sa fille ; mais depuis tant d’années, ses intentions relatives à divers legs s’étaient quelque peu modifiées, et il devint nécessaire d’introduire dans l’acte plusieurs codicilles. Tous ces points arrêtés entre nous, j’obtins de lady Verinder la permission d’en former un second testament, afin d’éviter quelques confusions et répétitions qui défiguraient le premier document et ne s’accordaient pas avec mon sentiment professionnel sur la netteté d’un acte public.

Miss Clack a parlé de la signature de ce second testament, auquel elle servit de témoin.

En ce qui concernait les intérêts pécuniaires de Rachel Verinder, ce testament était la reproduction textuelle du premier. Les seuls changements apportés furent dans le choix du tuteur et dans quelques clauses relatives à ce choix, rédigées sous mon inspiration. Après la mort de lady Ve-