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nez. Je subis son impertinence avec mon courage habituel, et le souvenir que j’en conserve est exempt de toute rancune. Avant de quitter la pièce, M. Bruff me décocha un dernier sarcasme.

« Vous eussiez mieux fait de ne pas vous expliquer, miss Clack, » dit-il.

Il salua et sortit. La créature aux bonnets enrubannés suivit son exemple.

« Il est aisé de voir qui les a tous excités, dit-elle ; je ne suis qu’une pauvre domestique, mais je serais honteuse de me conduire ainsi. »

Elle sortit à son tour en tirant bruyamment la porte après elle.

Je restai seule dans la chambre, conspuée, abandonnée par eux tous.

Peut-on ajouter quelque chose à ce simple énoncé des faits, à cette touchante peinture d’une chrétienne persécutée par le monde ? Non, mon journal m’avertit qu’un chapitre de plus de ma vie accidentée se termine ici. À partir de ce jour, je ne revis jamais Rachel Verinder. Je lui ai pardonné ses insultes dans l’instant qui les a suivies ; depuis lors je n’ai pas cessé de prier ardemment pour elle. Et lorsque je mourrai, en témoignage de mon désir de rendre le bien pour le mal, elle recevra comme legs dans mon testament, « la Vie, les Lettres et les Travaux de miss Jane Ann Stamper. »