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taille. J’étais sans force, et ses manières avec les dames sont extrêmement engageantes ; en tout cas, nous nous assîmes, et je réponds de ce détail, si je ne suis certaine de rien autre chose.


CHAPITRE VIII


« Une charmante fille, une position exceptionnelle et une fortune superbe m’échappent tout à la fois, commença M. Godfrey, et pourtant je m’incline sans murmurer. Quel motif peut-on assigner à une conduite aussi singulière ? Eh bien, mon incomparable amie, justement je n’ai pas de raison pour agir ainsi !

— Pas de raison ? répétai-je.

— Permettez-moi, ma chère miss Clack, de faire appel à votre expérience des enfants ; un enfant suit une certaine ligne de conduite : vous en êtes frappée, et vous vous efforcez d’en pénétrer le motif. La chère petite créature est incapable de vous donner une raison ; autant vaudrait demander au gazon pourquoi il pousse ou aux oiseaux pourquoi ils chantent. Or, dans cette affaire-ci, je suis comme le cher petit enfant, comme le gazon, comme les oiseaux. Je ne sais vraiment pourquoi j’ai fait une proposition de mariage à miss Verinder ; j’ignore comment j’ai pu indignement négliger mes dames de charité et pourquoi j’ai renié la Société des petits vêtements. Vous dites à l’enfant : « Pourquoi avez-vous été méchant ? » Le petit ange met son doigt dans sa bouche, et ne sait pas. Exactement comme moi, miss Clack. Je n’oserais l’avouer à d’autres, mais je me sens forcé de me confesser à vous ! »

Je commençais à me remettre ; il y avait là un problème moral ; ces problèmes ont le don de m’intéresser infiniment, et on me reconnaît quelque habileté pour les résoudre.

Il continua en ces termes :

« Vous, la meilleure de mes amies, appliquez ici l’effort de