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longue conversation ensemble après le dîner. Il s’agissait dans cet entretien d’un diamant indien, nommé la Pierre de Lune, et nous parlâmes d’une conspiration ourdie en vue de s’emparer du joyau.

Depuis ce temps, j’ai erré à travers l’Asie centrale, puis je suis revenu sur le théâtre de mainte de mes aventures passées, dans le nord et dans le nord-ouest de l’Inde. Je me trouvais, il y a environ quinze jours, dans une certaine province bien peu connue en Europe et qu’on appelle le Kattiawar.

Il m’arriva là une aventure, à laquelle, tout incroyable que cela peut paraître, vous êtes personnellement mêlé ou intéressé.

Dans les régions sauvages du Kattiawar, et vous saurez jusqu’à quel point elles méritent ce nom, lorsque je vous aurai dit, que les laboureurs eux-mêmes ne vont aux champs qu’armés jusqu’aux dents, la population est fanatiquement dévouée à la religion hindoue, à l’ancien culte de Brahma et de Vichnou. Les rares familles mahométanes, disséminées dans les villages de l’intérieur, redoutent de manger aucune espèce de viande, car un mahométan soupçonné seulement d’avoir tué une vache, animal sacré, serait mis en pièces sans merci, par ses pieux voisins les Hindous. Ce qui contribue à augmenter le fanatisme religieux de cette contrée, c’est que la province du Kattiawar possède deux des lieux de pèlerinage les plus vénérés de l’Inde. L’un d’eux est Dwarka, où naquit le dieu Krishna ; l’autre est la cité sacrée de Somnauth, qui fut saccagée et détruite au onzième siècle par Mahmoud de Ghizni, le conquérant mahométan.

Me trouvant pour la seconde fois dans ces régions romanesques, je résolus de ne pas les quitter sans jeter encore un coup d’œil sur les magnifiques ruines de Somnauth. Quand je formai ce projet, j’étais à environ trois jours de marche à pied de la cité sainte.

Je n’étais pas depuis longtemps sur la route de Somnauth lorsque je remarquai que d’autres personnes par groupes de deux ou de trois individus semblaient prendre la même direction que moi.

Je me fis passer pour un Hindou bouddhiste d’une pro-