dienne, et n’avoir pu provenir d’aucune manufacture anglaise.
5° Pendant la matinée du 27, trois hommes, répondant au signalement des trois Indiens, ont été remarqués dans sa rue de la Basse-Tamise ; on les a suivis jusqu’au port de la Tour, et on les a vus s’embarquer sur le steamer qui fait le service de Rotterdam.
Il y a donc une certitude morale, sinon légale, que le meurtre a été commis par les Indiens. Quant à savoir si le prétendu ouvrier a été complice ou non du crime, il est impossible de le dire, et il est peu probable en tout cas qu’il l’ait commis à lui tout seul. Réduit à lui-même, il lui était difficile, sinon impossible, d’étouffer M. Ablewhite, de beaucoup le plus grand et le plus robuste des deux, et cela sans qu’une lutte ou des cris eussent été entendus. Une servante, qui couchait dans la pièce voisine, n’a rien entendu. Le maître de l’auberge, qui a son appartement à l’étage au-dessous, n’a rien entendu. Tout s’accorde donc pour faire croire que ce n’est pas un homme seul qui a commis le crime, mais que c’est bien là l’œuvre des Indiens réunis.
J’ajouterai seulement que le procès-verbal du coroner porte :
« Meurtre volontaire commis par une ou plusieurs personnes inconnues. »
La famille de M. Ablewhite a offert une prime et rien n’a été négligé pour découvrir les assassins. Mais l’homme vêtu en ouvrier a déjoué toutes les recherches. On a retrouvé les traces des Indiens. Quant à l’espoir de ressaisir bientôt ceux-ci, je vous dirai un mot à cet égard, lorsque j’arriverai à la fin du présent rapport.
Ayant ainsi consigné tout ce qui était utile à dire sur la mort de M. Ablewhite, je puis raconter quelle était sa manière de vivre avant, pendant et après le temps que vous avez passé tous deux dans la maison de feu lady Verinder.
III
Je commencerai par vous apprendre que la vie de M. Godfrey Ablewhite offrait deux faces.
Pour le public, M. Ablewhite était un gentleman qui avait