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en pressant avec force un oreiller contre sa face ; puis que les personnes coupables de ce crime sont les trois Indiens, et que le but poursuivi et atteint était de rentrer en possession du diamant nommé la Pierre de Lune.

Les faits qui viennent à l’appui de cette conclusion ont été relevés les uns à la suite de l’examen de la chambre de l’auberge, les autres par l’enquête du coroner.

Lorsqu’on força la porte de la chambre, le gentleman décédé fut trouvé mort, avec l’oreiller de son lit sur le visage. Le docteur qui vint l’examiner, instruit de cette circonstance, décida que le procès-verbal pouvait constater la mort par étouffement, c’est-à-dire : meurtre commis par une ou plusieurs personnes pressant un oreiller sur les voies respiratoires du défunt, jusqu’à ce que mort s’ensuivît par la congestion des poumons.

Maintenant, arrivons au mobile du crime.

Une petite boîte vide fut trouvée ouverte sur la table de la chambre, en même temps qu’un papier cacheté, portant une inscription ; M. Luker a reconnu lui-même la boîte, le cachet et l’inscription. Il déclare que la boîte contenait le diamant désigné sous le nom de la Pierre de Lune, et il avoue avoir remis cette boîte, ainsi cachetée, à M. Godfrey Ablewhite (revêtu alors d’un déguisement), dans l’après-dînée du 26 juin dernier. La conséquence de tout ce qui précède est que le vol du diamant a été le mobile du meurtre.

J’aborde à présent la façon dont le crime a dû être commis.

En examinant la chambre, haute de sept pieds seulement, on a trouvé ouverte une trappe pratiquée dans le plafond et qui donnait accès sur le toit de la maison. L’échelle courte, placée habituellement sous le lit, et dont on se servait pour arriver à la trappe, fut trouvée appuyée contre l’ouverture, de manière à permettre à une ou plusieurs personnes de sortir de la chambre par cette issue. Dans la porte de la trappe elle-même, on découvrit une large entaille faite apparemment par un instrument très-tranchant, et juste à côté du verrou destiné à fermer la porte de l’intérieur de la chambre. De cette façon, une personne du dehors avait pu tirer le verrou sans bruit, et s’introduire dans la chambre, seule ou aidée par un complice qui l’avait fait glisser par l’ouver-