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étrangers s’introduisaient dans la maison. Nous le rencontrâmes au premier ; il descendait précipitamment, dans un violent état d’irritation, afin de savoir ce que nous voulions.

« Qui diable êtes-vous ? et qu’est-ce qui vous amène ? demanda-t-il.

— Du calme, répondit le sergent ; pour commencer, je vais vous dire mon nom, je suis le sergent Cuff. »

Cet illustre nom produisit son effet accoutumé ; la colère du propriétaire tomba, il ouvrit un petit salon et fit ses excuses au sergent.

« Je suis agacé et contrarié, monsieur, — voilà la vérité, dit-il. Une affaire déplaisante a eu lieu chez moi ce matin, et un homme dans mon métier a bien de quoi lui troubler l’humeur, sergent !

— Il n’y a pas de doute à cela, répondit ce dernier ; j’en arrive tout de suite, si vous le permettez, à ce qui m’amène ici. Ce gentleman et moi désirons vous faire quelques questions sur un sujet qui nous intéresse tous deux.

— De quoi s’agit-il, monsieur ? demanda l’aubergiste.

— Il s’agit d’un homme à barbe noire, vêtu comme un marin, qui est venu coucher ici hier soir.

— Bon dieu ! mais c’est l’homme qui bouleverse ma maison en ce moment ! s’écria notre interlocuteur. Est-ce que vous ou ce gentleman savez quelque chose sur lui ? J’en serais bien satisfait.

— Nous ne pourrons répondre qu’après l’avoir vu.

— L’avoir vu ? fit à son tour l’aubergiste. Mais depuis sept heures du matin, personne de nous n’a pu le voir. Hier soir, il avait demandé qu’on l’éveillât à cette heure-là. On est allé l’appeler en effet, et on n’a obtenu aucune réponse ; il n’a pas même ouvert sa porte pour savoir ce qu’on lui voulait. On y est monté de nouveau à huit heures, puis à neuf heures, et toujours en vain ! La porte restait fermée à clé, et pas un bruit ne se faisait entendre dans sa chambre ! J’étais sorti pendant la matinée, et je ne suis rentré que depuis un quart d’heure. J’ai cogné moi-même à la porte en pure perte ; enfin, un des garçons est allé chercher un serrurier. Si vous pouvez attendre un instant, messieurs, nous forcerons la porte et nous verrons de quoi il retourne !