papiers, et il m’accordait de mauvaise grâce le dixième restant.
« Y a-t-il autre chose ? demanda-t-il.
— Je vous causerai l’ennui de revenir ici et de me voir administrer la dose.
— Et puis ?
— Et puis je vous prierai de prendre la peine de rester dans la chambre de M. Blake, et d’assister à ce qui pourra s’y passer.
— Oh ! très-bien ! Que ce soit ma chambre, ou bien celle de M. Blake, peu m’importe ; je puis continuer partout mon travail. À moins que vous ne voyiez des inconvénients, monsieur Jennings, à ce que j’introduise cette dose de sens commun dans toute votre affaire ! »
Avant que j’eusse pu répondre, M. Blake s’est adressé lui-même de son lit à M. Bruff.
« Est-ce que vraiment vous prétendez ne porter aucun intérêt à ce que nous allons faire ? En ce cas, monsieur Bruff, vous n’avez pas plus d’imagination qu’un bœuf.
— Un bœuf est un animal fort utile, monsieur Blake, » a répliqué l’avoué.
Là-dessus, il m’a suivi hors de la pièce, tenant toujours ses paperasses à la main.
Nous avons trouvé miss Verinder pâle et agitée ; elle parcourait son salon en tous sens ; Betteredge, debout près de la table, montait la garde autour du coffre à pharmacie. M. Bruff s’est assis sur la première chaise venue, et, désireux de rivaliser d’utilité avec le bœuf, s’est replongé aussitôt dans l’examen de ses papiers.
Miss Verinder m’a tiré à part pour aborder immédiatement le sujet qui absorbait tout son intérêt, c’est-à-dire pour me parler de M. Blake.
« Comment va-t-il ? est-il très-nerveux ou de mauvaise humeur ? Croyez-vous réussir ? Êtes-vous sûr de ne pas lui faire de mal ?
— Très-sûr. Venez me voir mesurer la drogue.
— Un instant : il est plus de onze heures maintenant ; combien de temps s’écoulera-t-il avant que l’effet se produise ?
— Il n’est pas facile de le dire ; une heure peut-être.