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cette courte entrevue lui suffit pour répondre à toutes mes questions de la façon la plus décourageante.

En premier lieu, il considérait mon nouveau mode d’enquête comme trop fantaisiste pour supporter même la discussion ; en second, troisième et quatrième lieu, M. Murthwaite était reparti pour ses lointains voyages ; miss Clack avait éprouvé des revers de fortune et vivait en France par mesure d’économie ; quant à M. Godfrey Ablewhite, on le découvrirait peut-être à Londres ; je pouvais m’en enquérir à son club. Maintenant voudrais-je bien accepter les excuses de M. Bruff ? Il était pressé de retourner à ses clients, et me souhaitait bien le bonjour.

Il ne me restait plus qu’une personne à retrouver à Londres ; je suivis l’avis de M. Bruff et me fis conduire au club pour y demander l’adresse de Godfrey.

Dans l’antichambre je rencontrai un des membres du cercle, lié avec mon cousin et que je connaissais. Ce gentleman, après m’avoir donné le renseignement demandé, me raconta deux événements assez importants pour Godfrey et dont la nouvelle n’était pas venue jusqu’à moi.

J’appris que, loin d’être découragé par la rupture de son mariage avec Rachel, Godfrey avait presque aussitôt recherché la main d’une jeune fille qui passait pour être une riche héritière. La demande avait été agréée, et l’on regardait son mariage comme une chose décidée ; mais là encore l’engagement se rompit brusquement, sous le prétexte avoué de difficultés d’intérêt survenues entre monsieur le futur et le beau-père.

Comme compensation de cette seconde déception, Godfrey s’était trouvé l’objet de l’affectueux souvenir d’une vieille dame, son admiratrice fervente, fort liée avec miss Clack (à laquelle elle ne laissa qu’une bague de deuil) et tenue en grand honneur parmi les membres de la Société maternelle de transformation des vêtements. Cette respectable amie laissa à l’admirable et méritant Godfrey un legs de cinq mille livres. Après avoir reçu cet agréable accroissement de fortune, on l’entendit dire qu’il sentait le besoin d’aller chercher un peu de repos à l’étranger, et que son médecin lui ordonnait un changement d’air, comme fort utile à sa santé fatiguée par ses occupations charitables. Si je dési-