surpris, affligé ; que je l’avais crue sous l’influence d’une excitation nerveuse, que même je m’étais demandé pendant un instant si la disparition de son joyau était aussi mystérieuse pour elle que pour nous, mais que pourtant la vérité ne s’était jamais fait jour dans mon esprit ? N’ayant pas une seule preuve à donner à l’appui de mon innocence, je ne pouvais espérer la persuader de tous ces sentiments pourtant trop réels.
« Il peut vous convenir d’oublier, poursuivit-elle, mais moi, il me convient de me souvenir ; je sais d’autant mieux ce que je vous dis, que je préparai mes paroles avant d’aller vous trouver ; je vous donnai à plusieurs reprises l’occasion de m’avouer la vérité ; je ne négligeai rien pour vous faire comprendre, sans vous le dire en face, que je connaissais votre faute. À toutes mes insinuations vous ne répondîtes qu’en jouant l’étonnement, en simulant l’innocence comme vous le faites encore à l’heure qu’il est. Quand je vous quittai ce matin-là, je n’avais plus d’illusions ; je vous jugeais pour ce que vous étiez et pour ce que vous êtes, c’est-à-dire pour le plus vil misérable qui ait jamais existé.
— Je répète que, si vous vous étiez expliquée à ce moment, Rachel, vous m’eussiez quitté sachant que vous jugiez indignement un homme innocent.
— Si j’avais parlé devant quelqu’un, répliqua-t-elle avec une indignation croissante, vous étiez déshonoré pour toute votre vie ! Et si je vous avais parlé en tête-à-tête, vous eussiez nié votre crime comme vous le niez en ce moment ! Vous imaginez-vous que je vous aurais cru ? Eût-il reculé devant un mensonge celui qui avait fait ce que je vous ai vu faire et qui s’était conduit ensuite comme je vous ai vu vous conduire ? Je vous le répète, je n’ai pu supporter l’idée de vous entendre encore mentir, après avoir déjà eu l’affreux chagrin de vous voir voler. Vous en parliez vraiment comme d’un malentendu que quelques mots auraient suffi à dissiper ! Eh bien ! le malentendu a cessé. Votre justification s’est-elle produite ? Non, non ! les choses en sont au même point ! Je ne vous crois plus maintenant ! je nie que vous ayez trouvé la robe de nuit, je nie que Rosanna Spearman vous ait écrit ; je ne crois pas un seul mot de votre récit. Vous l’avez volé, car je vous ai vu ! Vous affectiez d’aider les gens