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« Commençons, repris-je, par ce qui suivit le moment où nous nous séparâmes pour la nuit. Vous êtes-vous couchée, ou êtes-vous restée éveillée ?

— J’allai me coucher.

— Avez-vous remarqué l’heure ? était-il tard ?

— Pas très-tard ; environ minuit, à ce que je crois.

— Vous êtes-vous endormie ?

— Non, je ne pouvais dormir ce soir-là.

— La soirée vous avait agitée ?

— Je songeais à vous. »

La réponse m’ôta toutes mes forces ; il y eut quelque chose dans le son de sa voix encore plus que dans ses paroles, qui m’alla droit au cœur ; ce n’est qu’après un moment de silence que je fus en état de continuer mon interrogatoire.

« Aviez-vous conservé de la lumière ? demandai-je.

— Aucune, jusqu’à ce que je me relevasse ; alors j’allumai ma bougie.

— Combien de temps croyez-vous qu’il se fût écoulé depuis le moment où vous vous étiez couchée ?

— Une heure à peu près ; oui, je crois qu’il devait être une heure du matin.

— Êtes-vous restée dans votre chambre à coucher ?

— Je venais de passer une robe de chambre pour aller chercher un livre dans mon boudoir.

— Aviez-vous déjà ouvert la porte ?

— Je venais de l’ouvrir.

— Mais vous n’étiez pas entrée dans le boudoir ?

— Non, je m’arrêtai au moment d’y entrer.

— Pourquoi ?

— J’avais vu de la lumière sous la porte, et j’avais entendu des pas qui se rapprochaient.

— Eûtes-vous grand’peur ?

— Non, pas alors ; je savais combien ma pauvre mère dormait mal, et je me rappelai que, ce même soir, elle avait essayé en vain d’obtenir que je lui confiasse la garde de mon diamant. Son inquiétude à ce sujet me paraissait exagérée, et je crus qu’elle venait voir si j’étais endormie, ou causer avec moi de ce joyau si elle voyait encore de la lumière chez avec moi.

— Que fîtes-vous alors de votre côté ?