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découvrit avec stupéfaction devant lui deux personnes à l’air respectable qui lui étaient inconnues.

« Que veut dire tout cela ? » murmura-t-il faiblement.

Les deux étrangers le considérèrent à leur tour et répondirent :

« C’est exactement la question que nous allions vous adresser. »

Une explication s’ensuivit. Mais je tiens à n’omettre aucune circonstance. De l’éther et de l’eau furent apportés pour calmer les nerfs de l’excellent M. Godfrey ; on ne s’expliqua qu’ensuite.

Il paraît, d’après le récit des propriétaires de la maison, gens de bonne réputation, que leurs appartements du premier et du second étage avaient été loués par un gentleman d’apparence fort comme il faut, celui-là même qui ouvrit la porte à M. Godfrey. Il paya le loyer d’avance, disant que les appartements étaient destinés à trois de ses amis, grands seigneurs orientaux, qui visitaient l’Angleterre pour la première fois. Le jour où se passa la scène racontée plus haut, deux de ces Asiatiques, accompagnés de leur ami, vinrent de grand matin s’établir dans l’appartement ; le troisième devait les rejoindre, et ils annoncèrent que leur bagage, fort volumineux, les suivrait dans la journée, après la visite de la douane.

Le troisième étranger n’était arrivé qu’un quart d’heure avant l’entrée de M. Godfrey. Il ne se passa rien d’insolite, à la connaissance des propriétaires, jusqu’à ce que dans les dernières cinq minutes ils eussent vu les trois Orientaux avec leur estimable ami anglais quitter la maison tous ensemble, et se diriger tranquillement vers le Strand.

Se souvenant alors qu’ils avaient reçu un visiteur, et n’ayant pas vu sortir celui-ci, la femme avait trouvé étrange que ce gentleman eût été laissé seul ; après un court colloque avec son mari, elle avait cru nécessaire de s’assurer que rien d’extraordinaire ne s’était passé ; nous avons vu ce qui en était résulté, et ainsi se termina l’explication des propriétaires.

On fit à la suite de cela une investigation dans la chambre ; on y trouva les effets de M. Godfrey dispersés dans tous les sens ; lorsqu’on rassembla les objets, il n’en manquait pourtant aucun ; sa montre, sa chaîne, l’argent, les clefs, le