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donna des signes de maladie. Je lui administrai une dose de sirop de nerprun et je le mis au régime d’une soupe aux légumes jusqu’à nouvel ordre ; excusez-moi de vous entretenir de si peu de chose, je ne sais comment j’ai fait, veuillez donc l’oublier. Je n’en ai plus pour longtemps à commettre des écarts de plume qui offensent le goût éclairé du jour. Après tout, cette bête était un brave chien qui méritait d’être bien soigné ; les soins ne lui ont pas manqué.

Le samedi, dernier jour de la semaine, sera aussi celui qui clora ma narration.

La poste du matin m’apporta une surprise sous la forme d’un journal de Londres ; qui avait écrit l’adresse ? Après examen, je la reconnus pour être de la même main qui avait noté sur mon agenda le nom du prêteur sur gages, c’est-à-dire de la main du sergent Cuff. Cette découverte piqua ma curiosité et je parcourais la gazette avec assez d’impatience, quand un rapport de police marqué à l’encre attira mes yeux. Je le transcris ci-dessous ; lisez-le attentivement et vous apprécierez à sa valeur la gracieuseté que le sergent m’avait faite en m’envoyant ce journal :

« Lambeth. Un peu avant la fin de la séance de la cour, M. Septimus Luker, commerçant bien connu en pierres précieuses, camées, gravures sur pierre, etc., vint demander conseil au magistrat présidant la séance. Le plaignant disait avoir été ennuyé pendant toute la journée précédente par les allures de quelques-uns de ces Indiens qui vagabondent dans les rues de Londres. Les gens dont il se plaignait étaient au nombre de trois. Après avoir été renvoyés par la police, ils étaient obstinément revenus, et avaient essayé de pénétrer dans la maison sous le prétexte de demander la charité. Expulsés de la maison, on les avait retrouvés rôdant dans les dépendances. Outre l’ennui qu’ils lui causaient, M. Luker avait des raisons pour craindre qu’un vol ne fût prémédité à ses dépens. Sa collection contient plusieurs joyaux uniques, tant de l’art grec que de provenance orientale. La veille même, il avait été obligé de renvoyer un de ses ouvriers, sculpteur sur ivoire des plus habiles dans son métier, qu’il soupçonnait d’une tentative de vol. Cet homme a été reconnu pour être natif de l’Inde, et M. Luker était persuadé que des intelligences existaient entre lui et les jongleurs. Le but de