M. Franklin revint un peu avant onze heures. Le côté résolu de sa nature semblait avoir déjà cédé sous le poids de l’anxiété. Il était parti au galop, il revenait au pas ; il avait débuté par être ferme comme l’acier, et nous le retrouvions mou comme du coton.
« Eh bien, lui dit milady, la police vient-elle ?
— Oui, répondit son neveu ; ils me suivent dans une voiture de louage ; l’inspecteur Seegrave, de votre police locale, amène deux de ses hommes ; pure formalité, du reste ! l’affaire est sans espoir.
— Quoi, demandai-je, les Indiens ont-ils échappé ?
— Les pauvres Indiens ont été appréhendés bien injustement, fut la réponse. Ils sont aussi innocents qu’un enfant dans le sein de sa mère. Ma pensée que l’un d’eux avait pu se cacher dans la maison a eu le sort de toutes mes autres idées : elle s’est évanouie en fumée. Il a été prouvé, poursuivit M. Franklin qui paraissait insister avec un plaisir extrême sur son incapacité, il a été prouvé que c’était tout simplement impossible. »
Après avoir pu juger de la surprise que nous causait ce nouvel aperçu de l’affaire du diamant, notre jeune gentleman s’assit, à la demande de sa tante, et commença à s’expliquer.
Il paraît que le côté résolu de sa nature tint bon jusqu’à Frizinghall.
Il mit les faits sans commentaires sous les yeux du magistrat et celui-ci fit sur-le-champ demander la police. La première enquête faite au sujet des Indiens démontra clairement qu’ils n’avaient même pas tenté de quitter la ville. De nouvelles questions lui apprirent que la police les avait vus rentrer tous trois avec le jeune garçon, la nuit précédente, entre dix et onze heures ; ce qui, en calculant les distances, prouvait qu’ils étaient revenus tout droit à Frizinghall, après avoir cessé leur représentation sur la terrasse. Plus tard encore, à minuit, la police ayant eu occasion de pénétrer dans le garni où ils logeaient, les avait revus tous trois avec l’enfant. Peu après minuit, j’avais fermé moi-même toutes les portes de la maison ; il ne ressortait donc de tout ceci aucun indice contre les jongleurs. Le magistrat convint qu’il ne pouvait planer même l’ombre d’un soupçon sur eux. Mais comme les recherches ultérieures auxquelles les agents de police allaient