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que non-seulement Pesca, mais aussi ma mère et ma sœur ont été reléguées à l’arrière-plan du récit. Mes visites au cottage de Hampstead ; la croyance absolue de ma mère au mensonge établi par le complot, et son refus d’admettre l’identité de Laura ; mes vains efforts pour vaincre, chez ma mère et ma sœur, ce préjugé auquel, dans la jalouse affection qu’elles me portaient, toutes deux restèrent longtemps fidèles ; la nécessité pénible où je me trouvai, par suite, de leur cacher mon mariage jusqu’à ce qu’elles eussent appris à rendre justice à ma femme ; — toutes ces menues occurrences domestiques n’ont pas été mentionnées ici, parce qu’elles n’avaient rien d’essentiel à l’intérêt fondamental du récit. Il importait peu qu’elles eussent ajouté à mes anxiétés et rendu mes désappointements plus amers : la marche constante des événements les a inexorablement laissées de côté.

C’est pour la même raison que je n’ai rien dit ici des consolations que je trouvai dans l’affection toute fraternelle de Pesca, lorsque je le revis après la brusque cessation de ma résidence à Limmeridge-House. Je n’ai pas non plus rappelé la chaleureuse fidélité avec laquelle mon petit ami m’avait accompagné jusqu’au port d’où je m’embarquai pour l’Amérique centrale, ni ses bruyants transports de joie lorsque ensuite nous nous retrouvâmes à Londres. Si je m’étais cru autorisé à me prévaloir des offres de service qu’il me fit à mon retour, il y a longtemps qu’il eût fait sa réapparition dans ces pages. Mais, tout en n’ignorant pas que je pouvais implicitement compter sur son honneur et son courage, je n’étais pas au même point certain de sa discrétion, et, pour cette unique raison, je poursuivis seul le cours de mes recherches. Il sera maintenant assez compris que Pesca, bien que son nom ne se soit jusqu’ici rattaché en rien à la marche progressive de ce récit, n’était nullement séparé ni de moi ni de mes intérêts. Au contraire, je comptais encore, et tout autant que jamais, sur son dévouement amical.

Avant d’invoquer l’assistance de Pesca, il fallait voir