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Après une investigation patiente, qui dura près de trois heures et parut avoir épuisé toutes les sources de renseignements auxquelles on put avoir recours, le jury prononça le verdict traditionnel quand il s’agit d’une mort subite amenée par accident. À cette décision de forme, ils ajoutèrent spontanément qu’ils n’avaient pu arriver à rien savoir sur l’enlèvement des clefs, les causes de l’incendie, ou le motif pour lequel le défunt s’était introduit dans la sacristie. Cet acte mettait fin à la procédure. Le représentant légal du défunt avait désormais le droit de vaquer aux nécessités de la sépulture, et les témoins étaient libres de se retirer.

Résolu à ne pas perdre une minute pour me rendre à Knowlesbury, je soldai mon compte à l’hôtel et arrêtai le cabriolet qui devait me transporter dans cette ville. Un gentleman qui m’entendit donner mes ordres, me voyant partir seul, m’informa qu’il habitait les environs de Knowlesbury, et me demanda si je verrais quelque objection à ce qu’il retournât chez lui dans mon cabriolet, en prenant à sa charge la moitié des frais. J’acceptai naturellement cette proposition accommodante.

Notre conversation, durant la route, ne pouvait guère rouler que sur le sujet où se concentraient, ce jour-là, toutes les préoccupations locales.

Ma nouvelle connaissance était en rapports plus ou moins intimes avec le « solicitor » de sir Percival ; et ils avaient discuté, M. Merriman et lui, la situation des affaires du défunt, les droits auxquels sa succession allait donner ouverture. Les embarras pécuniaires de sir Percival étaient si bien connus dans le pays, que son homme d’affaires ne pouvait songer à les dissimuler.

Il était mort sans laisser de testament, et, lors même qu’il en eût fait un, il n’avait à léguer aucunes propriétés personnelles, la fortune qui lui venait de sa femme ayant été complètement absorbée par ses créanciers. L’héritier du domaine (sir Percival étant mort sans postérité) était le fils du plus proche cousin de sir Félix Glyde ; — un officier de marine, commandant un des navires de la compagnie des Indes. Il devait s’attendre à trouver fort