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née 1803, on avait laissé un blanc assez étendu, apparemment afin de renvoyer à la page suivante l’enregistrement d’un article trop long pour être inscrit en entier dans celle-ci. La perspective de cette chance modifia tous ses plans. C’était là une occasion sur laquelle il n’avait jamais compté, à laquelle, même, il n’avait pensé jamais, et dont il tira parti, vous savez comment. Le blanc dont je vous parle, pour se trouver parfaitement d’accord avec son certificat de naissance, aurait dû être placé, sur le registre, au mois de juillet. Au lieu de cela, il n’y figurait que dans le mois de septembre. Mais pour expliquer cette anomalie, si des questions indiscrètes étaient posées, on pouvait aisément trouver une réponse satisfaisante. Il se dirait simplement né à sept mois.

Je fus assez sotte, quand il me conta son histoire, pour m’intéresser à lui, pour m’apitoyer sur son compte dans une certaine mesure ; et là-dessus, comme vous le verrez, il avait basé ses calculs. Je le trouvais durement traité. Si son père et sa mère n’étaient point mariés, ce n’était pas sa faute, après tout ; et ce n’était pas non plus la leur. Une femme plus scrupuleuse que je ne l’étais, — une femme qui ne se fût pas mise en tête d’avoir une montre d’or et sa chaîne, — aurait elle-même trouvé pour lui quelques excuses. Dans tous les cas, je lui gardai le secret, je protégeai le mystère de ses opérations.

Il fut quelques temps à se procurer une encre de la couleur voulue (au moyen de plusieurs mélanges successifs, pour lesquels je lui fournissais pots et flacons). Il fut quelques temps, ensuite, à se faire une écriture pareille à celle du registre. Mais il finit par réussir, et rendit l’honneur à sa mère, alors qu’elle reposait déjà dans la tombe ! Jusque-là, je ne conteste pas qu’il se soit conduit envers moi d’une manière loyale : il me donna la montre et la chaîne promises, sans lésiner sur le prix ; toutes deux étaient fort chères et du plus beau travail. Je les ai encore l’une et l’autre ; — la montre va merveilleusement bien.

Selon vos paroles de l’autre jour, mistress Clements vous a révèle tout ce qu’elle a pu savoir. Je n’ai pas be-