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« Est-ce que je sais, avait-il coutume de dire, est-ce que je sais si le registre laissé dans cette sacristie ne sera pas quelque jour volé ou détruit ? Pourquoi ne l’enferme-t-on pas dans un coffre-fort ? Pourquoi ne puis-je rendre les autres aussi soigneux que je le suis moi-même ? Quelqu’un de ces jours, il arrivera un accident ; et quand le registre sera perdu, la paroisse comprendra de quel prix est mon exemplaire… » Là-dessus il humait sa prise de tabac, et regardait autour de lui, fier comme un lord. Ah ! il ne serait pas facile de trouver son pareil, aujourd’hui, pour soigner les affaires… Vous iriez bien à Londres sans pouvoir le remplacer : oui, même là… Quelle année disions-nous, monsieur ?… 1800 et combien ?

— 1804, répliquai-je, intérieurement résolu à ne plus fournir au vieillard une seule occasion de se livrer à sa loquacité naturelle, tant que je n’aurais pas fini d’examiner le registre.

Le clerc mit ses lunettes, et commença de feuilleter le livre, mouillant avec soin son index et son pouce, toutes les trois pages : Voilà, monsieur, dit-il, avec une tape joyeusement appliquée au registre, voilà l’année que vous demandez…

Comme j’ignorais en quel mois sir Percival était né, je pris naturellement l’année à son début. Le registre était tenu à la vieille mode ; chaque acte étant enregistré en manuscrit sur des pages blanches, et la séparation de l’un à l’autre, opérée par des barres à l’encre, qui, au bas de chaque enregistrement séparé, traversaient la page dans toute sa longueur. Je remontai toute l’année 1804, sans retrouver la mention du mariage ; et ensuite, je passai en revue le mois de décembre 1803 ; puis novembre, puis octobre, puis…

Non ! je n’allai pas au delà de septembre. Sous l’intitulé de ce mois de l’année, je trouvai ce que je cherchais.

J’examinai soigneusement la constatation du mariage ; elle occupait le bas d’une page, et, faute d’espace, y tenait une place moindre que celle des autres mariages déjà inscrits. Celui qui la précédait immédiatement, se grava dans ma mémoire, à cause d’une circonstance toute par-