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Et pourtant, c’était bien dans ces entrevues dérobées, dans ces conférences à voix basse entre la femme du clerc de paroisse et le « gentleman en deuil » qu’existait, sans aucun doute, le fil conducteur à l’aide duquel on aurait pu tout découvrir.

Ne se pouvait-il pas que, dans cette circonstance, de trompeurs dehors attirassent l’esprit dans une direction, tandis que la vérité, préservée de tout soupçon, serait précisément dans la direction opposée ? Mistress Catherick, en affirmant qu’elle était la victime d’une affreuse erreur, n’avait-elle pu dire vrai ? En admettant même qu’elle eût menti, la déduction à l’aide de laquelle on faisait de sir Percival le complice de sa faute, ne pouvait-elle pas être le résultat de quelque erreur difficile à concevoir ? Et si, par hasard, sir Percival avait fomenté tout exprès l’idée qu’il était coupable en ceci pour détourner de lui quelque autre soupçon mieux fondé ?… C’est là, — si je pouvais l’y découvrir ; — c’est là qu’était l’accès du secret, profondément enfoui sous les insignifiants détails de la chronique de village qui venait de m’être contée.

Les premières questions que je fis ensuite eurent pour objet unique de savoir si M. Catherick était arrivé, oui ou non, à se convaincre de la mauvaise conduite de sa femme. Les réponses que je reçus de mistress Clements ne me laissèrent pas le moindre doute sur ce point. Mistress Catherick, avant son mariage, avait mis en péril sa réputation ; des témoignages certains l’affirmaient, sans cependant qu’on sût à qui elle l’avait sacrifiée ; et son mariage si imprévu avait bien eu lieu pour mettre son honneur à couvert.

Par des calculs de temps et de lieu qu’il est inutile de faire connaître en détail, on en était arrivé à établir très-positivement, que la fille à qui elle avait donné le nom de son mari n’avait aucun droit de le porter.

L’objet dont je m’enquis ensuite, — à savoir s’il était également certain qu’Anne fût la fille de sir Percival, — était bien autrement difficile à éclaircir. Je n’avais pas à ma disposition, pour calculer les probabilités qui mili-