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attendu que c’était une femme à prétentions un peu hautes. Il l’avait demandée, et demandée vainement à plusieurs reprises, si bien que, finalement, il y avait renoncé, la voyant si mal disposée. Une fois qu’il ne songea plus à elle, la voilà qui change d’avis et sans rime ni raison, de son propre mouvement, renoue l’affaire. Mon pauvre mari disait toujours que c’eût été une bonne occasion de lui apprendre à se connaître. Mais Catherick en était trop affolé pour songer à rien de pareil. Jamais il ne la contrariait en rien, soit avant leur mariage, soit après. C’était un homme très-vif en ses sentiments, qui se laissait emporter par eux, tantôt d’un côté, tantôt de l’autre, et il aurait gâté une meilleure femme que mistress Catherick, si une meilleure lui fût échue en partage. Je n’aime à dire du mal de personne, monsieur ; — mais c’était une femme sans cœur, et d’une obstination vraiment terrible en toutes ses volontés ; folle de beaux habits, tenant à être admirée, et ne se donnant pas même la peine d’avoir pour Catherick, si bon qu’il se montrât envers elle, les plus simples dehors du respect convenable. Mon mari disait, quand ils vinrent s’établir auprès de nous, que cet état de choses devait, à son avis, tourner mal, et ses paroles se sont vérifiées. Ils n’étaient pas dans notre voisinage depuis plus de quatre mois, lorsqu’un terrible scandale vint rompre misérablement leur union, et disperser leur ménage. Tous deux étaient fautifs… Je crains, du moins, qu’il n’y ait eu faute de l’un et de l’autre.

— Vous voulez dire, sans doute, de la femme et du mari ?

— Oh ! non, monsieur ; je ne parle pas de Catherick… il ne méritait que la pitié. C’est sa femme que je veux dire ; sa femme, et la personne qui…

— La personne qui fut l’occasion du scandale ?

— Précisément, monsieur. Un gentleman de naissance et d’éducation, qui aurait dû nous donner de meilleurs exemples. Vous le connaissez, monsieur ; et ma pauvre chère Anne le connaissait aussi, trop pour son malheur.

— Sir Percival Glyde ?