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mistress Todd qu’Anne venait encore de disparaître, et la supplier de faire faire des recherches dans les environs, attendu que la pauvre égarée avait fort bien pu revenir du côté de Limmeridge. En formulant cette requête, mistress Clements avait eu soin d’y joindre une adresse à laquelle, en tout état de cause, on était sûr de pouvoir utilement la réclamer ; cette adresse, mistress Todd la faisait passer à Marian. Elle indiquait une maison de Londres située à une demi-heure de marche de celle que nous habitions nous-mêmes.

J’étais donc décidé (qu’on me passe cette expression proverbiale), à « ne pas laisser croître l’herbe sous mes pieds. » Dès le lendemain, je partis pour me procurer une entrevue avec mistress Clements. Ce fut mon premier pas en avant dans l’investigation qui débutait. Ici commence le récit de la tentative désespérée à laquelle, désormais, je m’étais voué.


VI


L’adresse envoyée par mistress Todd me conduisit à une maison garnie, située dans une rue de bon aspect, près de Gray’s-Inn-Road.

Quand j’eus frappé, la porte me fut ouverte par mistress Clements en personne. Elle ne paraissait point se souvenir de moi, et me demanda ce qui m’amenait. Je lui rappelai notre rencontre dans le cimetière de Limmeridge, à l’issue de ma conférence avec la Femme en blanc, prenant un soin tout spécial de lui remettre en mémoire que, suivant la déclaration d’Anne Catherick elle-même, j’étais celui qui l’avait aidée, après son évasion de l’hospice, à se dérober aux gens qui la poursuivaient. C’était là mon seul titre à la confiance de mistress Clements. Dès mes premières paroles, elle se rappela les souvenirs que l’invoquais, et me fit entrer dans le salon, très-préoccu-