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Après un court séjour à Londres, sa femme et lui partirent pour le continent, d’où jamais ils ne revinrent en Angleterre : ils passaient en France une partie de leur temps, et le reste en Allemagne, — se maintenant en cette retraite rigoureuse que le sentiment morbide de sa difformité personnelle avait toujours rendue nécessaire à sir Félix. Leur fils Percival, né à l’étranger, y avait été élevé par des instituteurs particuliers. Il avait commencé par perdre sa mère. Peu d’années après elle, en 1825 ou 1826, sir Félix était mort à son tour. Une ou deux fois avant cette époque, sir Percival était venu en Angleterre, mais seulement comme un jeune homme dont l’éducation s’achève ; et ses relations avec feu M. Fairlie n’avaient commencé que postérieurement à la mort de son père. Elles furent bientôt très-intimes, encore que sir Percival, dans ce temps-là, ne vînt à peu près jamais à Limmeridge-House. M. Frederick Fairlie avait pu le rencontrer une ou deux fois dans la société de son frère Philip ; mais, ni à cette époque ni à aucune autre, il ne l’avait beaucoup connu. Le seul ami véritablement intime, que sir Percival eût dans la famille Fairlie, était donc le père de Laura.

Tels furent tous les détails que je pus obtenir de Marian. Ils ne me fournissaient rien d’utile à mon projet actuel, mais j’en pris soigneusement note pour la cas où, dans l’avenir, ils me deviendraient plus essentiels.

La réponse de mistress Todd (adressée, d’après notre désir, à un bureau de poste assez éloigné de nous) était arrivée à destination quand je me présentai pour la retirer. Les chances qui jusqu’alors avaient toujours tourné contre nous, nous devinrent favorables à partir de ce moment. La lettre de mistress Todd renfermait le premier article des renseignements après lesquels nous courions.

Mistress Clements, paraît-il (ainsi que nous l’avions conjecturé), avait en effet écrit à Todd’s-Corner ; d’abord, pour demander pardon du peu de cérémonie qu’elle avait mis, ainsi qu’Anne, à quitter leurs amis de la ferme (le lendemain du jour où j’eus rencontré la Femme en blanc dans le cimetière de Limmeridge) ; puis pour informer