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ter, à son air, que je l’avais rendu quelque peu perplexe.

— Vous êtes étrangement résolu, me dit-il. Sans nul doute, vous avez, pour toutes ces démarches, un motif personnel que je n’ai point à scruter. Si, dans l’avenir, un procès en règle peut être institué, je vous aiderai de mon mieux ; c’est tout ce que je puis vous dire. Je dois vous avertir, en même temps, — les questions d’argent se mêlant toujours aux questions légales, — que je vois peu d’espérance, si même vous parveniez à établir le fait de l’existence de lady Glyde, que sa fortune lui soit jamais rendue. L’étranger quitterait probablement le pays sans attendre le commencement des procédures. Quant à sir Percival, ses embarras sont assez nombreux, assez pressants, pour qu’il lui soit loisible de transférer en vingt-quatre heures tout ce qu’il possède à ses créanciers. Vous devez naturellement savoir que…

Je ne le laissai pas achever.

— Je vous en supplie, lui dis-je, ne discutons pas les affaires de lady Glyde. Je n’en ai jamais rien su autrefois, et n’en veux rien savoir aujourd’hui, — si ce n’est que sa fortune est perdue. En présumant que j’ai des motifs personnels pour agir dans cette affaire, vous êtes tout à fait dans le vrai. Je désire que ces motifs soient toujours aussi désintéressés qu’ils le sont actuellement…

Il voulut m’interrompre et s’expliquer. Mais j’étais, je suppose, animé par l’idée qu’il avait pu me soupçonner ; et je continuai un peu brusquement, sans prêter l’oreille à ses excuses :

— Dans le service que je compte rendre à lady Glyde, lui dis-je, il n’entrera ni un motif d’argent ni une pensée d’intérêt personnel. Elle a été repoussée comme une étrangère de la maison dans laquelle elle était née ; — un mensonge qui la dit morte a été solennellement inscrit sur la tombe de sa mère ; et il existe deux hommes, impunis jusqu’ici, qui doivent être tenus pour responsables de tous ces faits. Eh bien ! la maison dont je parlais se rouvrira pour la recevoir, en présence de tous ceux qui ont suivi jusqu’au cimetière les funérailles trompeuses ; le mensonge sera publiquement effacé de la pierre funé-