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lisible comme de l’imprimé !… Et le nom y était, en effet, quand miss Halcombe examina le linge de sa sœur, le soir de leur arrivée à Limmeridge-House.

Voilà les seuls souvenirs, — tous plus ou moins incertains, quelques-uns même contradictoires, — qu’on pût obtenir de lady Glyde, en l’interrogeant avec soin, pendant le voyage du Cumberland, — miss Halcombe se gardant bien d’insister sur les questions relatives à ce qui s’était passé pendant le séjour à l’hospice ; il était clair, en effet, que l’intelligence de sa sœur n’était pas en état de supporter l’épreuve d’un fréquent retour sur ce temps désastreux. On savait, par l’aveu tout volontaire du directeur de la maison d’aliénés, qu’elle y avait été reçue le 27 juillet. De cette date au 15 octobre (le jour de sa délivrance), elle était restée soumise au régime de la force ; son identité avec Anne Catherick avait été systématiquement affirmée ; et, du premier au dernier jour, on lui avait contesté, dans la pratique, l’intégrité de sa raison.

Des facultés moins délicatement équilibrées que les siennes, des constitutions moins frêles que la sienne, auraient été atteintes par une épreuve de cet ordre. Nul homme ne l’aurait subie, sans en être plus ou moins changé.

Arrivée à Limmeridge un peu avant la soirée du 15 miss Halcombe, sagement inspirée, résolut de ne rien faire pour arriver à constater l’identité de lady Glyde, avant la journée du lendemain. Le matin du 16, en effet, avant toute autre démarche, elle se rendit dans l’appartement de M. Fairlie ; et, avec toutes les précautions oratoires, tous les préliminaires dont elle s’avisa, lui dit, dans les termes les plus clairs, ce qui était arrivé. Dès que sa première surprise et sa première alarme furent calmées, le cher homme déclara, tout en colère, que miss Halcombe s’était laissé duper par Anne Catherick. Il lui rappela la lettre du comte Fosco, et ce qu’elle lui avait dit à lui-même de la ressemblance personnelle constatée entre Anne et sa défunte nièce ; en même temps