Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/533

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tremblant de la tête aux pieds ; et elle descendit au rez-de-chaussée.

— Votre maître est étranger, me dit M. Goodricke, quand ma maîtresse fut sortie. Connaît-il les formalités de la déclaration mortuaire ? — Je ne saurais vous le dire au juste, répondis-je, mais je pense que non… Le docteur réfléchit une minute, et il dit ensuite : — D’ordinaire, je ne fais pas de ces choses-là ; mais il se peut, dans ce cas particulier, que j’épargne beaucoup de trouble à la famille en faisant moi-même enregistrer la mort. D’ici à une demi-heure, je passerai devant le bureau du district, et rien ne sera plus simple que d’y entrer. Dites, s’il vous plaît, que je m’en charge. — Oui, monsieur, lui repartis-je, et avec nos remerciements, bien sûr, pour la bonté que vous avez eue d’y songer. — Cela ne vous contrarie pas de rester ici jusqu’à ce que je puisse vous envoyer la personne qui doit vous remplacer ? me dit-il. — Non, monsieur, répondis-je, je resterai jusqu’alors avec cette pauvre dame. Je suppose, ajoutai-je, qu’on ne pouvait rien faire de plus que ce qui a été fait ? — Non, dit-il, rien au monde. Elle a dû souffrir beaucoup avant que je l’aie vue : le cas était désespéré lorsqu’on m’a fait venir. — Ah ! mon Dieu, il faut bien en arriver là tôt ou tard, n’est-ce pas, monsieur ? lui dis-je… Il ne répondit rien à ceci, et semblait n’avoir pas grande envie de causer. Il me dit simplement : — Bonjour !… et s’en alla.

À partir de ce moment, je restai au chevet du lit jusqu’à ce que fût arrivée la personne envoyée par M. Goodricke, suivant sa promesse. Le nom de cette personne était Jane Gould. Je lui trouvai l’air d’une femme très-respectable. Elle ne fit aucune observation, si ce n’est pour dire qu’elle s’entendait bien à son affaire, et qu’elle en avait déjà « encaissé » pas mal depuis qu’elle était au monde.

Je ne saurais dire comment monsieur reçut la nouvelle, quand elle lui fut donnée pour la première fois, attendu que je n’étais pas là. Lorsque je le vis, il en avait l’air tout accablé, voilà qui est sûr. Il était assis dans un coin, ses grosses mains sur ses gros genoux, la tête bais-