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aida sir Percival à m’envoyer à Torquay, ce fut sous l’empire d’une illusion qui, en sa qualité d’étranger à la famille et au pays, ne doit lui attirer aucun blâme. S’il est vrai, de plus, qu’il ait contribué à introduire mistress Rubelle chez sir Percival, ce fut son malheur, et non sa faute, que cette étrangère se trouvât être assez vile pour se prêter à la déception projetée, exécutée par le maître du château. Dans l’intérêt de la bonne morale, je crois devoir protester contre toute censure, gratuitement, étourdiment portée sur les démarches du comte.

En second lieu, je désire exprimer mon regret de ne pouvoir me rappeler le jour précis où lady Glyde partit de Blackwater-Park pour se rendre à Londres. On me dit qu’il est de la dernière importance d’assigner une date exacte à ce déplorable voyage ; et j’ai consciencieusement fouillé ma mémoire pour me le rappeler. Cet effort ne m’a menée à rien. Tout ce dont je me souviens à présent, c’est que le voyage eut lieu dans la dernière quinzaine de juillet. Nous savons tous combien il est difficile, après un long laps de temps, de fixer une date précise, à moins qu’on n’ait eu soin d’en prendre note par écrit. Cette difficulté s’est encore accrue, en ce qui me concerne, par les événements confus et d’une nature alarmante qui marquèrent l’époque du départ de lady Glyde. Je voudrais de bon cœur avoir écrit, dans ce temps-là, un « mémorandum » quotidien. Je voudrais de bon cœur avoir cette date dans ma mémoire, comme j’y ai le visage de cette pauvre dame, accoudée à la portière du wagon, et me jetant, pour la dernière fois, un triste regard.