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rellement lui adressait miss Halcombe ; mais sous aucun autre rapport, elle ne l’avait ni maltraitée, ni négligée. À part la honte qu’elle avait encourue en se prêtant à une ignoble déception, je ne vois pas qu’en bonne conscience, je puisse faire valoir aucun grief contre mistress Rubelle.

Je n’ai besoin d’entrer dans aucun détail (et ceci m’est un vrai soulagement) sur la manière dont miss Halcombe ressentit la nouvelle du départ de lady Glyde, et les bruits bien autrement tristes qui nous arrivèrent, trop peu de temps après, à Blackwater-Park. Dans l’une et l’autre occasion, je préparai d’avance son esprit avec toute la douceur, tous les soins possibles ; n’ayant les conseils du docteur pour me guider que dans le second cas seulement, attendu que M. Dawson, retenu chez lui par sa santé, ne put venir au château que plusieurs jours après y avoir été mandé. Ce fut là un bien triste passage dans ma vie ; une époque dont maintenant encore le souvenir m’est pénible, et pénible la relation par écrit.

Les consolations religieuses dont j’appelais la bénédiction sur la tête de miss Halcombe furent longtemps à produire leur effet ; j’espère pourtant et je crois qu’elles finirent par lui être pleinement accordées. Je ne la quittai que lorsque ses forces furent revenues ; le même train nous emmena toutes deux loin de ce misérable château. Nous nous séparâmes à Londres, bien tristement. Je restai à Islington, chez une parente ; elle retourna chez M. Fairlie, dans le Cumberland.

Je n’ajouterai ici que peu de lignes, avant de clore un si pénible récit. Elles me sont dictées par le sentiment du devoir.

En premier lieu, je désire constater la conviction personnelle où je suis qu’aucun blâme quelconque, se rattachant aux événements que je viens de rapporter, ne saurait être imputé au comte Fosco. Je suis informée que sa conduite lui a valu des soupçons menaçants, et que de très-graves inductions ont pour point de départ la conduite de Sa Seigneurie. Je n’en reste pas moins inébranlablement persuadée de l’innocence du comte. S’il