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hauteur des bougies, et regardant le vin que ce verre contenait, au lieu de regarder lady Glyde. Par le fait, durant toute cette conversation, il ne dirigea pas une seule fois son regard vers elle. De si singulières façons chez un gentleman de son rang produisirent sur moi, je dois l’avouer, une très-pénible impression.

— Pourquoi donc écririez-vous au comte Fosco ? lui demanda milady fort étonnée.

— Pour l’avertir que vous arriverez par le train de midi, répliqua sir Percival. En débarquant à Londres, vous le trouverez à la station, et il vous mènera passer la nuit chez votre tante, dans sa maison de Saint-John’s Wood…

La main de lady Glyde, posée sur mon bras, se mit à trembler d’une manière marquée ; — et pourquoi ? je ne pouvais l’imaginer.

— Il n’est pas nécessaire que le comte Fosco vienne m’attendre, dit-elle. Je préférerais ne pas faire halte à Londres pour y coucher.

— Il le faut, cependant. Vous ne pouvez pas faire d’une seule traite votre voyage dans le Cumberland. Il faut passer une nuit à Londres, — et je ne me soucie pas que vous alliez vous installer seule dans un hôtel. Fosco a offert à votre oncle de vous loger à votre passage ; et votre oncle a souscrit à cette proposition. Tenez, voici une lettre de lui, à vous adressée. J’aurais dû vous la faire passer ce matin, mais cela m’est sorti de la tête. Lisez-la, et vous verrez dans quels termes s’explique votre tuteur.

Lady Glyde considéra la lettre un moment, et, la plaçant ensuite dans mes mains :

— Lisez-la, me dit-elle d’une voix faible. Je ne sais vraiment pas ce que j’ai ; la déchiffrer m’est impossible…

Ce billet n’avait pas plus de quatre lignes ; — sa rédaction était si laconique et si négligée qu’elle me frappa tout spécialement. Si mes souvenirs sont exacts, il ne renfermait que ces mots :

« Très-chère Laura, venez quand vous voudrez. Coupez le voyage en deux en passant une nuit chez votre tante.