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sionnelle. Je ne me permets plus de vous offrir un conseil, — je me borne à vous demander un renseignement. Votre vie se passe, monsieur, à quelque distance des grands centres de l’activité scientifique, — Londres et Paris. Avez-vous jamais entendu dire que les ravages de la fièvre pouvaient être logiquement réparés en fortifiant le patient qu’ils épuisent, au moyen d’eau-de-vie, de vin généreux, d’ammoniaque et de quinine ? Cette nouvelle hérésie, qu’appuient certaines autorités médicales du premier ordre, est-elle jamais, oui ou non, parvenue jusqu’à vos oreilles ?

— Lorsqu’un homme du métier me posera cette question, je lui répondrai avec plaisir, dit le docteur, qui ouvrait la porte pour s’en aller. Vous n’êtes pas un homme du métier, et je vous demanderai la permission de ne pas vous répondre…

Souffleté, pour ainsi dire, sur une joue avec cette inexcusable incivilité, le comte, comme un vrai chrétien pratiquant, présenta immédiatement la seconde, en souhaitant le bonjour au docteur, le plus simplement et le plus doucement du monde.

Si feu mon cher mari avait été assez heureux pour entrer en relations avec Sa Seigneurie, combien le comte et lui se seraient mutuellement appréciés !

Sa Seigneurie la comtesse revint le même soir, par le dernier train, ramenant avec elle, de Londres, la garde annoncée. On m’apprit que cette personne se nommait mistress Rubelle. Ses dehors et sa manière imparfaite de parler l’anglais, me dirent suffisamment qu’elle était étrangère.

J’ai toujours nourri en moi un sentiment d’humaine indulgence à l’égard des étrangers. Ils ne possèdent aucun des avantages et des biens qui nous sont propres ; pour la plupart, d’ailleurs, ils sont élevés dans les erreurs aveugles du papisme. J’ai toujours, en outre, conformé mes préceptes et ma pratique, lesquels étaient auparavant les préceptes et la pratique de mon cher défunt époux (V. le sermon xxix, dans la « Collection » de feu le Rév. Samuel Michelson, M. A.), en tâchant de faire aux